Bulletin 222

Blason du XIVe arrondissement créé en 1942, D’argent à la croix de gueules, sur tout d’azur aux trois fleurs de lys d’or et au bâton péri en bande de gueules, bordé d’azur aux huit étoiles d’argent [10]

Blason du XIVe arrondissement créé en 1942, D’argent à la croix de gueules, sur tout d’azur aux trois fleurs de lys d’or et au bâton péri en bande de gueules, bordé d’azur aux huit étoiles d’argent [10]

Chers amis et curieux,

Le 9 mars à la Salle des Mariages s’est tenue la 4e édition des « Petits Champions de la lecture ».  Subjugué par le talent des 9 élèves de 10 ans de CM2, le jury a eu la plus grande peine à décider du lauréat tant la présentation et la diction ont été excellentes. Après moult échanges, le prix a été attribué en ex aequo à Imane Souleymane de l’école Champerret et à Noé Allouche de l’école d’Alésia. Que les enseignants et les parents soient également félicités. Jean Racine n’avait-il pas écrit dans Le Cid en 1637 : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ».

Le 26 mars dernier, Jean-Louis Robert nous a présentés d’une façon magistrale Gauguin dans la rive gauche à Montparnasse et dans le XIVe.

A la mairie de Paris, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a inauguré le 26 février Le Monument virtuel des Parisiens morts pour la France de la Grande Guerre. Ce travail, qui a porté sur plus de « 96 879 noms », après la suppression des doublons, a été ramené à environ 93 000 parisiens. En raison de l’absence du Livre d’or du IIIe, l’estimation a été ainsi porté à près de 95 000. Il a été conduit par une équipe investie du Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle de l’Université Paris 1, menée de main de maitre par le professeur émérite Jean-Louis Robert. Depuis 2003, ils effectuèrent un travail minutieux et recherché « à partir d’une source principale, les livres d’or des mairies d’arrondissement ».

Nous vous ferons part également de l’Histoire de la légende de l’avenue du Maine et de la rue du Château qui n’a en fait qu’une seule origine.

Le Régime de Vichy nous a légué depuis 1942, les blasons des 20 arrondissements de Paris où on a évoqué ses « points d’honneurs ». Dans le XIVe, il porte en partition « D’argent à la croix de gueules », rappelant ladite croix de l’abbaye de Port-Royal puis le blason du duc du Maine qu’y est dévoilé « sur tout d’azur aux trois fleurs de lys d’or et au bâton péri en bande de gueules ». Il nous remémore que ladite légende, exprimée dans ce bulletin, avait toujours cours. Ledit blason est « bordé d’azur aux huit étoiles d’argent » évoquant l’Observatoire de Paris. Outre le legs de ce régime honni, il est historiquement erroné et mythique.

Georges Viaud

Blondel La Rougery, Paris, 1946

Blondel La Rougery, Paris, 1946 [11]

[10] Héraldie – Héraldique et poésie
http://heraldie.blogspot.fr/2016/04/le-blason-du-14e-arrondissement-de-paris.html
[11] CPArama – Forum et galerie de cartes anciennes de France
http://www.cparama.com/forum/plan-du-14eme-arrondissement-t7890.html

amadeo_11

Le monument virtuel des Parisiens morts pour la France de la Grande Guerre

 

Le 21 février dernier, nous avons commémoré le centenaire de la Bataille de Verdun, symbole tragique et glorieux de la guerre totale. « Cette bataille franco-allemande (où furent engagées d’importantes forces coloniales), a été en définitive non seulement une bataille de France importante, mais bien la bataille de la France, puisque près des 3/4 de l’armée française ont combattu à Verdun. De ce fait, elle est devenue d’emblée, dans la conscience nationale, le symbole de la Grande Guerre qu’elle résume et dont elle marque à la fois le sommet et le tournant. » La ville de Verdun est devenue ainsi le lieu de mémoire symbolique. D’ailleurs, André Maginot, ministre des pensions avait voulu que le choix du Soldat Inconnu se fasse à la citadelle souterraine de Verdun où la cérémonie s’est tenue le 10 novembre 1920.

Du 21 février au 15 décembre 1916, durant 300 jours et 300 nuits, dans un torrent de feu de mitraille et d’obus et dans une marée de souffrance et d’héroïsme, la bataille de Verdun perpétra ainsi plus de 700 000 victimes. Il y eut quelques 306 000 tués et disparus parmi lesquels 163 000 étaient Français et 143 000, Allemands ainsi que près de 406 000 blessés avec 216 000 Français et 190 000 Allemands. Des Parisiens morts pour la France à la bataille de Verdun Il y en eut près de 2 000. Elle a été la plus meurtrière de 1914 à 1918, après la bataille de la Somme qui fit plus d’un million de tués, disparus ou blessés.

La ville de Paris n’avait point de monument portant les noms des morts de la Grande Guerre à l’inverse de la majorité des communes de France, bien que chaque arrondissement parisien ait un monument aux morts honorant, il est vrai, les deux guerres mondiales, où il manque parfois la mention des noms de soldats tombés au champ d’honneur du premier conflit mondial. Anne Hidalgo, la maire de Paris, voulant corriger cette carence, l’a confié à la direction des Affaires Culturelles et au Département de l’histoire et de la mémoire. Cette œuvre mémorielle n’a été possible que grâce au travail d’une équipe dévouée du Centre d’Histoire Sociale du XXe siècle de l’Université Paris 1 qui a été menée de main de maitre par le professeur émérite Jean-Louis Robert, réalisant depuis 2003, un travail minutieux et recherché « de croisement et de recensement à partir d’une source principale, les livres d’or des mairies d’arrondissement ».

La mention de « Mort pour la France » honorant les victimes civiles ou militaires a été créée par la loi du 2 juillet 1915. Les dispositions ont été applicables rétrospectivement au début de la Grande Guerre. D’ailleurs, « tout au long du conflit, le ministère de la Guerre tient à jour un fichier de tous les soldats honorés de cette mention qui répondait à des critères précis : seules les personnes décédées entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, morts sur le champ de bataille ou à cause de dommages directement imputables au conflit, étaient susceptibles de la recevoir. »

La loi du 25 octobre 1919, « relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » a été à l’origine du « projet d’un Livre d’or comprenant les noms de tous ces héros jusqu’alors anonymes, qui serait déposé au Panthéon ». L’année d’après, le ministère des Pensions a été créé, qui eut, entre autres, la charge de la réalisation de « la liste des Morts pour la France de chaque commune ». En 1929, elle a été envoyée aux maires qui l’ont vérifiée et corrigée.  « Toutefois, les décalages entre les noms figurant sur les monuments aux morts et ceux des Livres d’or proviennent du fait que la liste du ministère est établie en 1929 alors que les monuments aux morts ont presque tous été érigés entre 1920 et 1925. »

Dans des registres, « les familles parisiennes et les autorités locales ont fait inscrire entre 1919 et 1939, les noms et les adresses les noms des parents et des résidents de chaque arrondissement… »

Il y a été recensé plus de « 96 879 noms » qui après l’élimination des doublons, a été estimé à environ 93 000 parisiens. En raison de l’absence du Livre d’or du IIIe arrondissement, le nombre a été porté à près de 95 000.

A ce sujet, sur le site Internet (1), le « Monument au morts virtuel des Parisiens Morts pour la France » présente par ordre alphabétique 4453 victimes de guerre demeurant dans le XIVe arrondissement. Par ailleurs, le 11 novembre 2018, afin de commémorer le centenaire de la fin de de la Grande Guerre, un monument sera inauguré sur les Berges de Seine, en amont du Pont Sully. Sur la pierre, il y sera gravé pour l’éternité « la mention du nom de chaque soldat » qui a donné sa vie pour la France, la Ville Lumière et l’Humanité. D’ailleurs, dès le printemps, la Ville de Paris, lancera une souscription afin que les parisiens puissent apporter « leur pierre ».

Parmi les premiers morts de 1914 par ordre alphabétique, il y eut notamment du 274 R1, André Prosper Abel, 67, rue de Vanves, décédé le 27 septembre à Saint-Thierry (51) ; du 71 RI, Philipe Henri Jean Alary, à la même adresse que la précédente, décédé le 5 novembre à Sainte-Menehould (51) ; du 81 R1, Marcel Léon Alin, toujours à la même adresse, décédé le 22 août à Lunéville (54) ; du 350 RI, Eugène Yves Allanic, 3, rue Vercingétorix, décédé le 26 octobre à Chartres (28) et du 21 RIC, Georges Emile Alphand, 10, rue Marguerin, décédé le 22 août à Neufchâteau en Belgique. Sur le site, vous trouverez également les fiches militaires des morts pour la France.

Georges Viaud
(1) Site Internet : http://memorial14-18.paris.fr/memorial/

Plan du Petit-Montrouge avec les moulins environnants [11]

Plan du Petit-Montrouge avec les moulins environnants [11]


Histoire de la légende de l’avenue du Maine et de la rue du Château

A l’étude de la riche bibliographie qui leur est consacrée et à la lecture de l’article intitulé L’Enigme du « Château » du Maine de Marcel Frioux dans l’Annuaire de 1961 de la Société Historique du 14e, il apparait que nous sommes confrontés à une seule et même légende. Administrateur de notre société et maire adjoint, il a été le premier à révéler la mystification.  Gilbert Perroy, président-fondateur de ladite société et maire, a dans son article de 1977, intitulé L’Enigme du Château de la rue du Château (Suite et fin) et Francis Mandin en 2014 dans son notable ouvrage, La véritable histoire du château du Maine ou les mystères d’un domaine disparu au cœur du quartier de Plaisance, ont fait fi de la légende.

Au sujet de l’avenue du Maine, beaucoup pensent qu’elle honore, Louis-Auguste de Bourbon (1670-1736), duc du Maine, entre autres titres. Il a été le fils légitimé de Louis XIV (1638-1715) et d’Athénaïs de Montespan (1640-1707), marquise de son état et deuxième favorite officielle de ce roi. Certains s’imaginèrent que le duc aurai fait tracer l’avenue du Maine, surtout en raison de son homonymie. En fait, cette voie ne l’a été qu’à partir de 1760. Noblesse oblige, la rue du Château ne pouvait être que l’adresse du duc du Maine alors qu’elle n’a été aménagée qu’à partir de 1835, en prévision de l’accès à l’embarcadère de chemin de fer de l’Ouest (ancêtre de la gare Montparnasse). Nous allons ainsi distinguer l’histoire de la légende, des dites avenue et rue qui sont bien une invention.

[11] Gallica, BNF – Collection Destailleur
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7740309f

Portrait en pied de Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine [12]

Portrait en pied de Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine [12]

Dès 1669, Françoise de Scarron, plus connue sous le nom de Madame de Maintenon, avait été choisie par Madame de Montespan afin de s’occuper de ses enfants. Il y eut ainsi « les premiers-nés…, notamment le futur duc du Maine et Louis-César, comte de Vexin… » La chose étant voulue secrète, ils ont été cachés à l’Hôtel de Scarron, rue de Vaugirard jusqu’à leur légitimation au château de Saint-Germain en Laye, le 20 décembre 1673.

Afin de vous présenter ledit Hôtel, nous nous sommes penchés sur le « Petit Plan de Jouvin de Rochefort » de 1676. C’était alors une belle propriété clôturée au bout du faubourg Saint-Germain qui avait pour périmètre à l’Est, « la rue de Vaugirard » ; au Nord, « la rue de Bagneux », (l’actuelle rue Jean Ferrandi) et à l’Ouest, « la rue du Chasse Midi », (l’actuelle rue du Cherche-Midi). Par ailleurs au Sud, c’étaient des champs, les « Cours du Midy », (les actuels boulevards des Invalides et du Montparnasse) n’y étant point encore tracés. Ils ne l’ont été qu’à partir de 1701. L’ancien Hôtel de Scarron aurait été alors en face du carrefour du boulevard du Montparnasse et de l’avenue du Maine que le duc du Maine aurait fait tracer afin de se rendre en son château de Sceaux qu’il avait acquis l’année d’avant.

[12] Gallica, BNF – Portrait en pied de Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84088432/f1.item

En fait, ladite « avenue du Maine » n’apparait pour la première fois que sur le « Plan-Altas de Deharme de 1763… » sous le nom de « Nouvelle Route d’Orléans » alors que sur le « Nouveau Plan de la Ville et Faubourgs de Paris », dressé de 1772 à 1775, « par le Sieur Jaillot, Géographe ordinaire du Roi… » de 1777, elle est appelée « Chemin du Petit Montrouge » et sur le « Plan de la ville de Paris… avec sa Nouvelle Enceinte… » de l’Architecte Verniquet de 1791. Ledit « Chemin du Petit Montrouge » du précédent plan est appelé alors pour la première fois « Route du Maine ». Selon sa dénomination, elle menait à l’ancienne province du Maine.

Barrière du Maine (N° 42), dessin de Palaiseau [13]

Barrière du Maine (N° 42), dessin de Palaiseau [13]

D’après les actes notariés, ledit « Château du Maine », appelé aussi « rendez-vous de chasse du duc du Maine », a été à partir de 1729, la propriété de Pierre Sauvage ; en 1736 de Pierre Mars puis en 1766 du critique littéraire Elie-Catherine Fréron, qui l’avait appelée sa « Fantaisie à la plaine de Montrouge ». Rappelons, si besoin est, qu’à cette date l’avenue du Maine avait déjà été tracée. A la suite, la propriété passa de main en main jusqu’en 1818. Il y eut en 1793, Louis-Denis-Pierre de Saint-Gilles ; en Brumaire de l’an VI (en novembre 1797), Louis Sebillet et en 1812, Pierre-Simon Hailig. Après six propriétaires roturiers de 1739 à 1818, la propriété a été acquise pour la première fois par Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru (1769-1850).

Cette dernière acquisition nobiliaire a pu faire naître l’idée d’un château qui était alors proche de « la chaussée du Maine ». A partir du 24 octobre 1818, le marquis de Talaru, Pair de France, entre autres, l’avait embellie et agrandie en créant également des communs pour sa nombreuse domesticité, au niveau de l’actuel 133 de la rue du Château.

A la chute du règne de Charles X en 1830, il y cacha des ministres en fuite. En représailles, la Monarchie de Juillet fit saisir le domaine du marquis de Talaru comme bien national puis il a été acquis en 1842 par Alexandre-Marie Couesnon, lotisseur de son état. Il avait, d’ailleurs, pour associé, le rôtisseur Alexandre Chauvelot, qui a été également le promoteur du village des Thermopyles qui a été bâti sur le parc du marquis de Talaru, et « l’inventeur » au XIXe siècle du nom de Plaisance. Nous pouvons, d’ailleurs, envisager qu’ils utilisèrent la légende de « l’ancien château du duc du Maine », à des fins publicitaires. D’autant plus que sous le règne de Louis-Philippe, l’actuelle rue du Château est appelée à Vaugirard, la « Rue du Chemin de Fer » jusqu’au carrefour de la « Rue de Vanves », (l’actuelle rue Raymond Losserand), faisant alors limite avec Montrouge. La voie se poursuivait ainsi par le Petit-Montrouge d’alors jusqu’au carrefour de la « Chaussée du Maine ». Elle y était dénommée « Rue du Château du Maine ».  Il s’agit là d’un beau coup de pub, dirions-nous de nos jours !

Georges Viaud

[13] Gallica, BNF – Barrière du Maine (N° 42), dessin de Palaiseau
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b103024605.r=

Reconstitution historique dudit château du Maine [14]

Reconstitution historique dudit château du Maine [14]

[14] Archi Image – Reconstitution historique du Château du Maine à Paris, un modèle 3D… et un livre !
http://www.arch-image.com/2014/05/27/reconstitution-historique-du-chateau-du-maine-a-paris-modele-3d-et-livre/ 

Activités passées

 

Paul Gauguin en 1891 [15]

Paul Gauguin en 1891 [15]

Le 26 mars à 15 heures : Gauguin à Montparnasse et dans le XIVe, Conférence avec projection par Jean-Louis Robert, A la Salle polyvalente de la mairie du XIV2e arrondissement, 2, place Ferdinand Brunot, 75014, Paris.

« L’autoportrait au Christ jaune » de 1889 [16]

« L’autoportrait au Christ jaune » de 1889 [16]

[15] Ad-Magazine – Paul Gauguin en 1891 (Foto: akg-images)
http://www.ad-magazin.de/2015/02/flucht-die-kunst/
[16] Analyse de « L’autoportrait au Christ jaune » de 1889
http://histoiredarts.blogspot.fr/p/gauguin-le-christ-jaune.html

Rentré de Tahiti à l’automne 1893, Paul Gauguin s’installa. Dans cet immeuble d’ateliers, 6, rue Vercingétorix, XIVe. Il y était au second étage à droite.[17]

Rentré de Tahiti à l’automne 1893, Paul Gauguin s’installa. Dans cet immeuble d’ateliers, 6, rue Vercingétorix, XIVe. Il y était au second étage à droite.[17]

Arearea (Joyeusetés en tahitien) de 1892 [18]

Arearea (Joyeusetés en tahitien) de 1892 [18]


[17] Florent Schmitt – L’atelier de Paul Gauguin, 6, rue Vercingétorix, XIVe.
http://florentschmitt.com/2014/04/20/a-surprising-collaboration-and-friendship-florent-schmitt-and-frederick-delius-1894-1934/
[18] Musée d’Orsay – Arearea (Joyeusetés en tahitien) de 1892 de Paul Gauguin
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire/commentaire_id/arearea-9767.html

Salle commune des femmes. Le 23 janvier 2016 à 15 heures à la Salle polyvalente de la mairie du XIVe , 2, place Ferdinand Brunot, XIVe

Salle commune des femmes. Le 23 janvier 2016 à 15 heures à la Salle polyvalente de la mairie du XIVe , 2, place Ferdinand Brunot, XIVe

« Notre dernière conference sur L’histoire des hôpitaux du XIVe a été menée de mains de maître par le docteur Roland Berman assisté par Yvan Belledame pour les projections. Qu’ils en soient remerciés pour cette après-midi erudite et plaisante. »

Introduction à la conférence du samedi 13 février 2016 
Notre XIVème, l’arrondissement le plus hospitalier de Paris

L’histoire des hôpitaux de notre 14e, de naissance récente (1860 : le passage de Paris de 12 à 20 arrondissements), doit être intégrée à l’histoire religieuse et médicale, bien ancienne, des hôpitaux de Paris.

Un peu d’étymologie : hôpital vient de « hospitalis domus » : maison d’accueil des hôtes ( hospes, hospitis). Fin du 18ème siècle, l’hospice donne l’hospitalité ou droit d’asile aux pèlerins voyageurs. L’hôtel, l’hôtellerie logent et nourrissent les voyageurs.

L’Hôtel Dieu fondé peut être au IIème siècle par Saint Landry, Evêque de Paris, est au 9ème siècle au sud de l’ancienne cathédrale précédent Notre Dame actuelle (XIIème siècle).

Les Augustines en charge du seul hôpital de Paris, y resteront jusqu’au XIXème siècle.

Au XIIIème siècle, le Roi Saint Louis, de retour de croisade, fonde les Quinze-Vingts, 2ème de la capitale, destinés aux « povres aveugles ».

En France, le tout premier hôpital est fondé en Arles, au VIème siècle, par Saint Césaire. A Lyon, en 542, est fondé le 1er Hôtel Dieu par le Pieu Childebert 1er, fils de Sainte Clotilde et de Clovis.

A Paris, les premières hospitalières, femmes pieuses, n’étaient pas religieuses : c’étaient des femmes volontaires pour aider les pauvres et les malades : « qui donne aux pauvres, prête à Dieu ».

En 1651, l’Hôtel Dieu sur l’Île de la Cité jouxte la cathédrale Saint Etienne qui sera remplacée au XIIème siècle, par la cathédrale gothique de nos jours.

Les Religieuses Augustines tiennent la maison à la fois couvent et hôpital  : à l’admission, il fallait se confesser à la chapelle de traversée obligatoire, laisser ses pauvres habits à « la pouillerie » qui les rendait propres si le malade sortait vivant. Après le bain ou équivalent, le ou la malade était couché nu dans un lit à 3 personnes minimum : le malade, le mourant et le mort. Les femmes étaient accouchées par des ventrières et l’arrivée au XVIIème siècle d’un médecin accoucheur, fut très mal accueillie. Les soins étaient très sommaires : un peu d’eau savonneuse, quelques plantes médicinales et une très forte mortalité, surtout en 1348, lors de l’épidémie de peste.

Un premier renouveau hospitalier, se distingue au milieu du XVIIème siècle, grâce au grand Vincent de Paul et sa création des Dames et des Filles de la Charité, avec Louise de Marillac et l’œuvre des Enfants Trouvés.

Le rapport de l’illustre Tenon, chirurgien des hôpitaux de Paris, paru juste avant la Révolution, scandalise les lecteurs : personnel religieux et civil de niveau variable, entretient des locaux déplorables… Le XIXème siècle va fonder l’hôpital moderne, grâce à Lister, Pasteur et aux chirurgiens. Premier progrès, au début du XIXème siècle, le malade est seul dans son lit, les contagieux sont séparés des autres.

La conférence à venir sur les hôpitaux du XIVème, évoquera le passé hospitalier de nos hôpitaux et les modifications actuellement en cours.

Roland Berman

Hospice des Enfants Assistés – La crèche – Carte postale ancienne (Coll. YAB) [19]

Hospice des Enfants Assistés – La crèche – Carte postale ancienne (Coll. YAB)

De la voie romaine en passant par la guerre de 1870 Jusqu’à la glorieuse Libération de Paris [20]

De la voie romaine en passant par la guerre de 1870 Jusqu’à la glorieuse Libération de Paris [20]

Le 23 janvier 2016 à 15 heures à la Salle polyvalente de la mairie du XIVe , 2, place Ferdinand Brunot, XIVe.
La Légende des siècles ou l’histoire des voies du XIVe,
Conférence avec projection par Georges Viaud.

« Vous avez été nombreux à la conférence sur La Légende des siècles ou l’histoire des voies du XIVe.  Au regard de votre intérêt, nous avons envisagé un cycle de quatre conférences pour l’année prochaine qui sera consacré à l’histoire des voies des quartiers du Montparnasse, du Parc de Montsouris, du Petit-Montrouge et de Plaisance, (les 53e, 54e, 55e et 56e de Paris). »

La Légendes des siècles

ou l’Histoire des voies du XIVe

Afin de vous raconter l’histoire de l’espace et des voies de l’actuel XIVe arrondissement, nous n’allons remonter qu’à près de 49 millions d’années, une bagatelle. La Terre a plus de 4,57 milliards d’années et l’Univers 13, 8 Ma. Nous étions alors à l’ère Cénozoïque. La commission internationale de stratigraphie géologique a ainsi regroupé les anciennes ères tertiaire et quartenaire allant de – 66 millions à nos jours, celles que nous avons apprises à l’école.

Rappelons qu’il y a 49 millions d’années, une mer chaude, telle celle des Bahamas, recouvrait le bassin parisien.  Elle allait de l’actuelle plaine céréalière de la Beauce à l’Angleterre. Le sable, au fond de la mer, forma avec le temps la pierre calcaire qui a été exploitée dans des carrières à ciel ouvert dès l’époque gallo-romaine.

En vous rendant à la conférence du 23 janvier, attardez-vous sur les pierres de la mairie du XIVe, vous y découvrirez le calcaire lutétien qui remonte justement à cette époque. Cherchez également les petites alvéoles, elles sont la trace de coquillages de ladite « mer chaude ».

L’espace en question de notre Petite Patrie a bien entendu vécu la Préhistoire. Nous signalerons les fouilles archéologiques de 1900 au métro Raspail qui révéla la faune qui s’y promenait comme le Mammouth en compagnie du Rhinoceros, du Cervus tarandus (le renne), voire même de l’Hippopotame et du Cervus megaceros, le « grand cerf des tourbières ». D’ailleurs, cette très longue période, qui a été datée d’environ 7 millions d’années, s’acheva au Néolithique, « l’âge de pierre nouvelle », entre – 12 000 et 9 000 années av. J.-C. Des chasseurs-cueilleurs devinrent alors sédentaires en développant l’agriculture, l’élevage et les premiers villages. Ce fut bien évidemment la naissance des premières maisons et rues.

Nous étions alors à la Protohistoire, « qui regroupe l’ensemble des connaissances sur les peuples sans écriture contemporains des premières civilisations historiques ». Le Néolithique prit fin avec lesdits âges du cuivre (de – 3 950 à – 3 750), du bronze (de – 3 750 à – 2 700) et du fer à partir de cette dernière date. Entre-temps vers environ – 3 500, l’histoire s’accélérant, l’écriture a été découverte.

Ainsi commença l’Antiquité. Notre Petite Patrie est, d’ailleurs, la seule de Paris à compter un certain nombre de voies évoquant La Légende des siècles de l’Antiquité au XXe siècle, bien qu’il y ait une rue de Lutèce dans le IVe (en raison des fouilles effectuées). Les porteurs historiques de ces dénominations ont été Alexandre Chauvelot, inventeur de Plaisance de 1836 à 1840 ; Napoléon III et Haussmann en 1868 ; la Troisième République et la théorie de nos ancêtres les Gaulois en 1873 et 1899 et en 2001, Michel Fleury, archéologue émérite et vice-président de la Commission du Vieux Paris. Nous les évoquerons dans leur présence à Plaisance, au Petit-Montrouge et à Montsouris. Nous n’oublierons point les antiques voies romaines comme les actuelles avenue du Général Leclerc et rues Raymond Losserand et de la Tombe du Issoire ainsi que l’aqueduc de Lutèce et les fouilles archéologique de la rue Cassini.

Si du très long Moyen-âge, le XIVe n’a aucun édifice contrairement à son voisin, le riche Ve, son espace a veillé, entre autres, sur la rue de la Tombe Issoire. Elle a été la voie principale d’accès par le sud à la ville de Paris jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Elle était également celle du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. D’ailleurs, la chaussée d’Orléans, devenue avenue du Général Leclerc, était beaucoup moins fréquentée à l’époque.

Du Moyen-âge, nous n’avons que le souvenir des moulins disparus, bien qu’il existe toujours le Moulin de Charité au cimetière du Montparnasse. Vous imaginez aisément le peu de voies qui existait à cette époque. C’étaient des chemins pour la plupart mais par contre, il y avait de nombreux lieudits. A Montsouris, il y a été relevé, entre autres, les Berges Hennequines et la Fosse de la Sibelle, (vous avez reconnu des noms de voies à Montsouris). A Plaisance, riche des Hanapaux (il était vers la rue des Mariniers), du Chemin du Gord (l’actuelle rue des Plantes), il y eut notamment le « Chantier des Plantes ». Il s’étendait « entre les actuelles rues des Plantes et Raymond Losserand, au niveau des rues de la Sablière, Bénard, Pernety, de Plaisance et des Thermopyles ». C’était alors des plantations.

Par les dénominations, nous avons les rues Bernard de Ventadour (troubadour de son état) et Thibaud (abbé de Sainte-Geneviève qui notamment leva le servage sur ses terres). Nous vous rappellerons également où se trouvait le gibet de la « justice de Venves » de l’abbaye de Sainte-Geneviève. « D’après les cartes anciennes et les cadastres successifs de Vanves et du quatorzième, elle se dresserait sur le trottoir de la rue d’Alésia dans les parages du débouché de l’impasse Florimont ». Brassens l’a-t-il su ? Il aurait été navré, au minimum…

Nous évoquerons également les fiefs et les censives ecclésiastiques de notre actuel territoire des abbayes de Saint-Germain des Prés, de Sainte-Geneviève et le monastère de Saint-Martial « fondé par le bon Saint-Eloi », généreux propriétaire de Gentilly. Il y eut également la Maison de la Tombe Issoire des Hospitaliers de Saint-Jean et les seigneuries laïques des villes de Montrouge et de Vanves.

Dans le quartier actuel de Montsouris, nous avons une rue portant le nom de la Santé, rue de marge, par ailleurs, entre le XIIIe et XIVe arrondissement. C’était à l’origine un lieudit rappelant la Maison de Santé de Marguerite de Provence, l’épouse de Saint-Louis. Au XIIIe siècle, elle accueillait des pestiférés se trouvant dans ledit Enclos de la Charbonnerie qui se voyait là-même, vous l’auriez deviné, où se dresse la prison de la Santé.

Du XVIe siècle, nous pouvons rappeler que peu d’éléments. Il y a la rue Giordano Bruno. C’était un philosophe italien qui qui a été brulé comme hérétique en 1600 à Rome. Entre autres, il ne croyait ni à la divinité de Jésus-Christ ni à la Sainte Vierge. La voie en question, qui a été dénommée en 1885, longe au Sud l’hôpital du Bon Secours. On a voulu faire enrager son créateur, c’est-à-dire l’abbé Carton dont une voie existe également.

Au sujet de la statue de Michel Servet à l’actuel square de l’Aspirant Dunand, nous sommes dans le même type de querelle. C’était un théologien, martyr, par ailleurs, de l’intolérance catholique et protestante, brulé vif à Genève en 1553, sur ordre de Jean Calvin. Or il s’avère que le député d’alors était Théodore Steeg, radical-socialiste, dreyfusard et protestant qui s’opposait dans les élections à Gustave Poirier de Narcay, ancien boulangiste, antisémite et nationaliste. Ce dernier eut gain de cause, il fit inaugurer la statue, œuvre de Jean Baffier, à l’automne 1908. Par ailleurs, en 1933, une rue Poirier de Narcay a été dénommée par le conseil de Paris.

Au XVIIe siècle, à la suite de la Contre-réforme, nous eûmes, les couvents des Capucins en 1613, de l’Oratoire en 1614 et le monastère de Port-Royal de Paris en 1626. L’Aqueduc de Médicis a été mis en service en 1623 et l’Observatoire de Paris a été orienté le 21 juin 1667. Rappelons à ce sujet, si besoin est, qu’il a donné son nom au XIVe arrondissement, le 1er janvier 1860.

Du Grand siècle, il a été relevé, entre autres, un lieudit qui est connu du monde entier. C’est le Montparnasse, Il apparait sur les plans de Boisseau de 1648 et de Janssonius de 1657 sous le nom de Mont de Parnasse ou de la Fronde. Comme le mont éponyme en Grèce, au-dessus de Delphes, il avait également deux sommets allant de l’église Notre des Champs au carrefour de la rue du Montparnasse et du boulevard du même nom.

Si nos premiers monuments historiques datent du siècle de Louis XIV, nous n’avons que les rues Gassendi au Petit-Montrouge et Francine à Montsouris.

A cet instant chevauchons les siècles, il s’avère qu’au 1er janvier 1860, le XIVe avait 40 voies et à l’heure actuelle, il en compte près de 370. Elles ont été présentées dans leur chronologie. Lors de la conférence du 23 janvier, il a été donné des informations sur leurs voies à quelques habitants du XIVe arrondissement auquel nous avons répondu avec grand plaisir.

Georges Viaud

[20] Barrière d’Enfer – Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Barri%C3%A8re_d%27Enfer

Voie de Plaisance rappelant la bataille de 440 av. J.-C., gagnée par Léonidas, roi des Spartiates

Voie de Plaisance rappelant la bataille de 440 av. J.-C., gagnée par Léonidas, roi des Spartiates

Chers Amis,

Les activités de l’année 2015 se sont terminées en vous présentant l’exposition Louis Pergaud, une Vie de 33 ans qui s’est tenue dans le hall d’honneur de la mairie du 24 octobre au 16 novembre. Elle nous avait été prêtée par Bernard Piccoli, président de l’association des Amis de Louis Pergaud. Si vous avez assisté à la conférence sur Louis Pergaud, qu’il nous a faite, appelé aussi le Balzac des bêtes, vous avez apprécié le discours racontant sa vie d’écrivain et sa terrible disparition, il y a 100 ans, le 8 avril 1915 « dans la terre marécageuse de la Woëvre ». Il l’a exprimée dans l’article qui est consacré à « Pergaud, soldat de 14-18 ».

Les activités du premier semestre 2016 seront diversifiées et le second, sera notamment consacré à la Grande Guerre et à ses incidences dans le XIVe.

Le 23 janvier, il vous sera présenté La Légende des siècles ou l’histoire des voies du XIVe. Il y sera évoqué les dénominations remontant à l’Antiquité dans le miroir de l’histoire locale. Il nous faut dire que le XIVe est le seul de Paris qui en compte autant.

Le 13 février, Roland Berman vous exposera L’histoire des hôpitaux du XIVe. Au fil de son histoire, il a été l’arrondissement le plus « hospitalier » de Paris. On disait, d’ailleurs, qu’il était la deuxième ville de France pour les naissances après Marseille.

Le 26 mars, Jean-Louis Robert vous racontera Gauguin à Montparnasse et dans le XIVe. Ayant eu de nombreuses adresses comme souvent les artistes de l’époque, il a demeuré : 16, rue du Saint-Gothard, 12, rue Durand-Claye, 35, rue Delambre, 55, rue du Château, 8, rue Campagne-Première et 6, rue Vercingétorix.

Du 20 avril au 18 juillet, une importante rétrospective sera présentée par la fondation Gulbenkian au Grand-Palais sur Le peintre portugais Amadeo de Souza Cardoso. Il a été proche d’Apollinaire, Brancusi, Modigliani, Picasso, entre autres et a vécu notamment, 150, boulevard du Montparnasse, 1, villa Louvat et 20, rue Ernest Cresson.

Le 21 mai à 15 heures, il y aura une promenade urbaine au départ de La Coupole sur Les pas d’Amadeo de Souza Cardoso à Montparnasse.

Le 11 juin, il y aura une conférence sur Amadeo de Souza Cardoso à Montparnasse. Un film sur sa vie au Portugal et à Paris y sera projeté.

Jean-Gabriel Laval nous a fait part de l’ouvrage de Béatrice Commengé, Le Paris de Modiano aux Editions Alexandrines, 31, rue Ducouëdic. Il nous a rappelé ainsi des citations sur le XIVe. Si vous connaissez des ouvrages évoquant notre arrondissement, veuillez-nous en informer.

 Georges Viaud

amadeo_25

« Le Paris de Modiano »

Béatrice Commengé, auteur de nombreux ouvrages, vient d’écrire un petit livre intitulé « Le Paris de Modiano » pour la collection « Le Paris des Ecrivains » chez les Editions Alexandrines, 31, rue Ducouëdic dans le 14e arrondissement. Elle nous emmène dans une promenade pleine de charme et poétique sur les pas de Patrick Modiano à travers Paris depuis sa naissance en 1945 quai de Conti. Les pérégrinations de l’écrivain l’ont conduit dans bien des arrondissements de Paris et notre quatorzième est évoqué à plusieurs reprises. C’est tout d’abord la porte d’Orléans où de 1956 à 1960 Patrick et son père attendent devant le café de La Rotonde le car qui doit l’amener le lundi matin au pensionnat à Jouy-en-Josas. Béatrice Commengé qui a fait le pèlerinage, comme elle est allée sur tous les lieux qu’elle cite, s’interroge à propos du café de La Rotonde : « Combien de fois la décoration a-t-elle changé depuis 1956 ? … J’essaie d’imaginer, derrière les immeubles de verre, au-delà du périphérique invisible, ces « terrains vagues » où se perdait Paris autrefois. La Rotonde revient souvent dans les livres, le café est à nouveau présent dans « Accident Nocturne »… « si lugubres, les lundis matins d’hiver… » Lugubres au point qu’un matin, le 18 janvier 1960, l’adolescent s’est engouffré dans le métro au lieu de monter dans le car… » Cette fugue eût pour conséquence le renvoi du jeune Modiano et son exil dans un pensionnat en Haute-Savoie.

Puis, c’est le quartier Montsouris qui est cité : « un jeune homme de dix-sept ans découvre « les prairies ensoleillées de Montsouris », le premier dimanche du mois d’août… Entre le parc Montsouris et la Cité Universitaire, on pouvait presque oublier la ville…ce quartier de Montsouris était à classer parmi ces « zones neutres » où l’on pouvait se sentir « à l’abri de tout ». Dans le « grand hall lambrissé » du restaurant de la Cité Universitaire, on aurait pu se croire dans un de ces hôtels de station de sport d’hiver, à Saint Moritz ou à Cimiez, « un endroit de villégiature », avec théâtre et cinéma. Fascination du jeune homme pour tous ces lieux qui échappent à leur encrage géographique. »

Il est question aussi de la rue Gazan où Jean Mermoz a séjourné avant son dernier envol, de la rue de l’Amiral Mouchez, de l’avenue Denfert-Rochereau « qui vous entraîne dans une ville de province, à cause du silence et de tous les hospices religieux dont les portails se succèdent. »

Bien d’autres quartiers de Paris sont également évoqués au cours de ce petit ouvrage dont je vous recommande la lecture. Il comporte aussi un index des noms de lieux très pratique pour ceux qui voudraient rechercher en fonction des endroits fréquentés par Modiano.

Si vous êtes déjà un lecteur de ses romans « Le Paris de Modiano » sera pour vous une bonne piqure de rappel vous permettant de vous remémorer et l’auteur et l’œuvre mais si vous n’avez encore rien lu de lui ce sera pour vous une excellente introduction à sa découverte.

Jean-Gabriel Laval

Photo de Pergaud prise l’avant-veille de sa disparition

Photo de Pergaud prise l’avant-veille de sa disparition

PERGAUD SOLDAT DE 14-18

C’est au petit matin du lundi 3 août 1914 que Louis Pergaud, accompagné de sa femme Delphine, quitte son appartement du 3 rue Marguerin, qu’il occupe depuis mi-avril 1911, pour prendre le train qui va l’emmener à Verdun. Sa détermination est grande comme le montre cet extrait de lettre : « Nous avons pour nous le droit, et puis la foi, et ce vieil amour de la terre de France qui vient de rejaillir, éclatant et pur, de partout. Mais l’heure n’est pas venue de faire des phrases : il faut faire son devoir simplement ; et on le fera ». Il arrive le soir dans la ville qui deviendra, à elle seule, le symbole de la Première Guerre Mondiale. Le sergent Louis Pergaud fait partie du 166ème régiment d’infanterie, régiment chargé de la défense de cette place fortifiée. Durant les deux premiers mois, il est affecté à l’instruction des hommes et à la conduite de corvées nécessaires à l’approvisionnement des troupes. Mais, sous l’uniforme, l’écrivain demeure. Dans ses lettres quotidiennes à sa femme, il l’écrit : « Que de documents défilent sous mes yeux, s’enregistrent ! Ah ! J’ai du pain sur la planche pour tout le reste de ma vie d’écrivain. J’aurai bien des pages à te lire, que tu écouteras d’une oreille plus attentive encore que jadis, car ce seront des histoires vécues réellement, que je narrerai alors ».

Le 7 octobre, d’observateur, Pergaud devient acteur. Il prend conscience que la vie de combattant ne tient qu’à un fil. Aussi, dans son carnet intime, il griffonne le soir même ces quelques mots : « Si je dois rester sur le champ de bataille où ça chauffera dur, je tiens à ce que tu saches, que tout ce que j’ai de meilleur dans le cœur est monté vers toi à cette heure grave ».

Les combats, aussi durs soient-ils, ne l’empêchent aucunement d’avoir un œil attentif sur les paysages misérables qui s’offrent à lui, et sur le triste spectacle des villageois qui fuient les obus, qui fuient la mort, abandonnant leurs maisons qui sont aussitôt pillées, tant par l’ennemi que par les troupes françaises. Et de noter : « C’est le temps de toutes les hideurs, de tous les égoïsmes, de tous les dévouements, de tous les héroïsmes et de tous les malheurs ».

Début février, Louis Pergaud est nommé adjudant. Le 9 mars 1915, il obtient la barrette de sous-lieutenant et devient chef de section. C’est avec cette nouvelle responsabilité qu’il va participer aux attaques prévues pour le printemps dans la plaine de la Woëvre. Les combats se succèdent, tous plus meurtriers les uns que les autres. « Le champ de bataille a quelque chose de grandiose et de terrible avec ses morts et ses blessés qui râlent. C’est effrayant. Des cadavres pendent aux réseaux boches, des blessés se traînent, d’autres se plaignent. On marche dans des mares de sang, dans des éclats de cervelle » décrit-il à un ami. Dans ce paysage apocalyptique, Pergaud a souvent le moral qui décline, et il aime alors s’en épancher, non pas à sa femme qu’il tient à l’écart de ses découragements, mais à des amis :

« Fais-moi l’honneur de penser que, si j’étais un peu ému à la veille du combat, au moment de partir à la tête de mes poilus, j’y allais comme à une fête, et eux aussi…On ne passera que sur nos cadavres ».

Le soir du 7 avril, le bataillon de Pergaud est envoyé dans les tranchées situées en face de la cote 233 de Marchéville qui est l’objectif de l’offensive nocturne programmée depuis plusieurs jours, malgré le temps abominable et le terrain transformé en marécage. Vers deux heures du matin, le 8 avril 1915, sa section est la première à s’élancer. Mais rapidement les Allemands donnent l’alarme et c’est le début d’un sanglant affrontement. Pergaud est blessé au pied. Il refuse d’être évacué : « Vous me ramènerez plus tard » dit-il à 2 de ses soldats. Plus personne ne reverra l’écrivain. Lorsqu’au petit matin le combat s’arrêta, des infirmiers français et allemands commencèrent à relever les blessés. Mais cette œuvre sanitaire fut vite interrompue par des bombardements nourris de l’artillerie française. Qu’est devenu Louis Pergaud ? Comment est-il mort ? Peut-être a-t-il été achevé par des obus français. Ce qui est sûr, c’est que voilà 100 ans, un écrivain, à l’aube de sa carrière littéraire, a disparu à jamais dans la terre marécageuse de la Woëvre.

Bernard Piccoli,
Président des Amis de Louis Pergaud
In Bulletin N°218 de décembre 2015

A propos Georges VIAUD

Vivamus vel sem at sapien interdum pretium. Sed porttitor, odio in blandit ornare, arcu risus pulvinar ante, a gravida augue justo sagittis ante. Sed mattis consectetur metus quis rutrum. Phasellus ultrices nisi a orci dignissim nec rutrum turpis semper.
Ce contenu a été publié dans Accueil, Activités. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *