Journal d’une parisienne au temps de guerre : août 1914-novembre 1919 par les élèves de la classe CM1/CM2 de l’école élémentaire, 188, rue d’Alésia, 75 014, Paris. Ils ont été les heureux lauréats du concours, Les Petits Artistes de la Mémoire, organisé par l’ONAC, Office national des anciens combattants et victimes de guerre dans le cadre de la Mission du Centenaire 14-18.
Vous trouverez le compte-rendu et la présentation du journal dans la rubrique La Grande Guerre de 1914 à 1918 où en ouvrant la rubrique, En commémoration de l’année 1914, vous y verrez exposer le compte-rendu de leur magnifique travail de mémoire et d’histoire ainsi que leur admirable journal dans son intégralité.
Mot du président
Chers Sociétaires,
Le chemin de mémoire, le 14e pendant la guerre de 14 a été lancé à l’initiative de Carine Petit, maire du XIVe. Il est le premier, à notre connaissance, dans Paris.
Le samedi 15 novembre, nous avons présenté une conférence sur Apollinaire, le soldat à la tête bandée, le poète à la tête étoilée. Nous nous sommes aidés de la biographie du poète par Laurence Cempa, riche de 800 pages. Nous avons pu ainsi commentés le film de Jean-Marie Drot, A la Recherche de Guillaume Apollinaire. Ils ont su nous révéler son génie ainsi que ses liens profonds avec Montparnasse et notre Petite Patrie.
A la suite, nous avons organisé le jeudi 20 novembre, une visite historique de la mairie où nous avons également raconté l’exposition de Charles Lansiaux présente dans le hall d’honneur et sur les grilles du square Ferdinand Brunot. Le samedi 29 novembre, nous avons visité le Musée Georges Clemenceau, 8, rue Benjamin Franklin, XVIe. Cette manifestation a été admirablement organisée par Anne-Marie Depaillat d’autant plus que la conférencière Laurence Esnieu de l’association Envolées culturelles a été remarquable. La date a été fort bien choisie, nous avons pu ainsi visiter le domicile du Père la Victoire, où il a vécu de 1895 à sa disparition en 1929, dans son état, avant les travaux qui s’achèveront le 5 mai 2015.
Durant l’année scolaire 2013/2014, la classe CM1/CM2 de l’école élémentaire, 188, rue d’Alésia, s’est investie dans le concours de la Mission du Centenaire, Les Petits Artistes de la Mémoire. Sous l’égide du directeur de l’école Gauthier Lechevalier, des enseignantes Mesdames Jaffré et Lakhdar et du professeur d’arts visuels, Béatrice Turquant d’Auzay, artiste-peintre. Ils ont réalisé ainsi un Journal d’une parisienne au temps de guerre : août 1914-novembre 1919, la classe de 25 élèves, dont 3 qui s’exprimaient à peine en français, a reçu plusieurs récompenses. Elles leurs ont été remises les 10 et 11 novembre à l’Hôtel des Invalides et au Palais de l’Elysée.
Jean-Louis Robert et son équipe ont accompli un travail, devrions-nous dire un devoir monumental d’histoire et de recherche. D’après les livres d’or de la Grande Guerre des mairies de Paris, ils ont ainsi relevé 89 163 noms. Le monument virtuel aux morts parisiens de la Grande Guerre sera présenté vers la fin décembre.
La première manifestation de l’année sera l’exposition sur L’Oratoire, avenue Denfert-Rochereau du 19 janvier au 1er février 2015.
En 2014, il est une année rare où nous avons commémoré les débuts fracassants de la Grande Guerre, il y a cent ans, ainsi que le 70e anniversaire de la Libération de Paris, heureux prélude à la libération de la France. En 2015, nous célébrerons la mémoire de la deuxième année de la Grande Guerre et le 70e anniversaire de la fin de Seconde Guerre Mondiale qui a été signée le 8 mai 1945. Au fil des commémorations, nous pensons à cette guerre de trente ans, selon l’expression du Général de Gaulle, qui a généré deux guerres mondiales et plus de 78 millions de morts. Nées de la guerre franco-prussienne et des rivalités économiques et politiques de la Belle Epoque, elles se sont poursuivies par la Guerre Froide. Espérons qu’elles ont été les Der des Ders.
Nous voulons également vous présenter tous nos meilleurs vœux pour l’année 2015.
Georges Viaud
Le monument virtuel des morts parisiens pour la France
Le monument virtuel aux morts parisiens de la Grande Guerre devrait être ouvert d’ici la fin de décembre 2014 ; sauf retard pris par les services de la Ville.
Le monument virtuel a été établi à partir des listes de noms présents sur les Livres d’or déposés dans les mairies d’arrondissement de Paris.
Il faut savoir que Paris fait partie des très rares communes de France à ne pas avoir dressé un monument aux morts où figurent les noms des morts pour la France de la commune. Seuls deux arrondissements, les sixième et septième arrondissements donnent à voir cette liste sur un monument. Les Parisiens ne pouvaient donc connaître aisément les noms de leurs morts.
Ce sera chose faite pour les 89163 noms relevés dans les Livres d’or (à l’exception du 3e arrondissement où le Livre d’or a été perdu).
Le monument virtuel fonctionnera aussi comme une base de données, car les informations des livres d’or ont été enrichies d’informations provenant du site Mémoire des Hommes. On disposera donc des noms des morts, de leur unité, de la date de leur décès et du lieu de celui-ci, et enfin de l’arrondissement où ils habitaient. D’autres informations seront accessibles en questionnant par mail le site.
Le monument virtuel aux morts parisiens de la Grande Guerre rend ainsi un hommage moderne à ceux qui ont été victimes de la grande boucherie. Il démontre que les Parisiens ont pris toute leur part du sacrifice.
Il a été réalisé par une équipe dirigée par le professeur Jean-Louis Robert, membre de notre société.
Au mois de janvier de cette année le Centre d’accueil Saint Vincent de Paul installé boulevard Denfert- Rochereau a été fermé et son activité transférée à la porte des Lilas. Cette fermeture est intervenue après 2 siècles de fonctionnement. C’est en effet en octobre 1814 que les bâtiments et la chapelle du noviciat de l’Oratoire, ordre fondé en 1611 par le Cardinal Bérulle et supprimé en 1793 par la Convention, ont été affectés à l’accueil des enfants orphelins de Paris.
Très vite le sentiment que la disparition de ce centre ne pouvait se réaliser dans une indifférence complète, s’est imposé et une association « Mémoires du centre d’accueil Saint Vincent de Paul » réunissant des anciens personnels du Centre, des historiens et des pupilles, s’est donné comme objectif de faire reconnaitre à ce lieu, sa dimension mémorielle. En effet cette chapelle et les bâtiments du noviciat ont été pendant de nombreuses générations, des lieux de vie, sinon de survie, pour des milliers d’enfants dans le malheur. Et selon les dires de personnes y ayant travaillé, nombre d’entre eux une fois adultes, reviennent revoir ce centre toujours présent dans leur mémoire.
Une autre conséquence de la fermeture du centre a été de libérer les locaux du noviciat, en particulier, la chapelle dont l’intérêt historique et architectural doit être souligné. Cette chapelle a été construite en 1657 sous le règne du Roi Soleil, par Daniel Gittard, architecte important qui a participé à l’édification de nombreux édifices, notamment à Paris, les églises Saint Sulpice et Saint Jacques du Haut Pas. Remontant au XVIIe siècle la chapelle de l’Oratoire est ainsi avec le cloitre de Port Royal l’un des plus anciens bâtiments de notre arrondissement. La SHA est donc pleinement justifiée de se préoccuper de l’avenir et de la préservation de ce bâtiment dont le classement comme monument historique lui apparait désormais, prioritaire.
L’organisation avec l’appui de Madame la Maire, d’une exposition sous le titre ‘’A Saint Vincent de Paul deux siècles d’accueil des enfants à Paris’’ découle ainsi d’une démarche conjointe des 2 associations en vue d’informer le public du 14e arrondissement sur l’apport de ce centre d’accueil dans l’évolution de la pédiatrie et d’inscrire cette histoire dans la mémoire collective, mais aussi d’attirer son attention sur la valeur architecturale de la chapelle et sur la nécessité de la préserver de toute aventure urbanistique destructrice.
Cette exposition se déroulera dans le hall d’honneur de la Mairie du XIVe à compter du 19 janvier jusqu’au 31 janvier 2015. Monsieur Normand, Président de Mémoires du centre d’accueil Saint Vincent de Paul nous proposera le samedi 24 janvier 2015 une conférence sur l’histoire de l’enfance abandonnée. Nous vous y attendrons nombreux.
Jean-Pierre Terseur
Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
Winston Churchill
Devoirs de commémoration, de mémoire et d’histoire
Le devoir de mémoire est sur toutes les lèvres depuis les années 1990. Il vrai que nous avons chacun de nous, une histoire personnelle et familiale avec les deux guerres mondiales du XXe siècle. Or, Nous nous devons « d’effectuer une distinction essentielle entre le « devoir de mémoire » et le « devoir d’histoire » afin de lever toute ambiguïté concernant l’emploi de ces deux termes ».
Il est vrai, d’autant plus, que nous vivons une période à la croisée des chemins. Malheureusement, les témoins de la Seconde Guerre Mondiale sont de moins en moins nombreux. Nous allons ainsi passer « de la mémoire vécue à l’histoire ». Ne voulant pas oublier le sacrifice et le martyr de nos devanciers, il nous faut dire que « cette mémoire, qui a vécu, doit demeurer vivante dans les cœurs et dans les esprits ». D’ailleurs, pendant longtemps, la mémoire a recouvert l’histoire tout en rappelant qu’histoire et mémoire ne sont pas forcément semblables.
Charles Péguy avait écrit dans Clio, Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne , essai resté à l’état de manuscrit, composé entre 1912 et 1913 . « L’histoire est essentiellement longitudinale, la mémoire est essentiellement verticale. L’histoire consiste essentiellement à passer au long de l’évènement. La mémoire consiste essentiellement, étant dedans l’évènement, avant tout à n’en pas sortir, à y rester et à le remonter en dedans. La mémoire et l’histoire forment un angle droit. L’histoire est parallèle à l’évènement, la mémoire lui est centrale et axiale ».
Nous nous devons de réconcilier les deux. Il y a aussi à privilégier la mémoire au service de l’histoire.
Le devoir de mémoire n’est point seulement l’hommage de la nation lors des célébrations en hommage aux deux guerres mondiales. Rappelons que commémorer, c’est se remémorer ensemble, au sens étymologique du terme. Le mot devoir, nous vient du latin « debere », de même sens, il apparait dans les Serments de Strasbourg de 842, « il doit », s’écrivant « deveir » puis devoir. Le terme mémoire provient du latin « memoria » qui a pris racine dans le grec par le nom de Mnémosyne, mère des Neuf Muses. « Pour la plupart de nos sources, le rattachement du mot muse à la famille ne fait aucun doute ; il se ferait par l’intermédiaire par l’intermédiaire d’une racine *MON-TWA, extension de ME(N)-[penser]. Dérivés : musique, musée, mosaïque… »
Prenons garde à ne pas muséifier le devoir de mémoire, il a besoin de son frère d’armes, le devoir d’histoire. N’oublions pas que « le souvenir de la bestialité humaine – les conditions dans les lesquelles, elle a pris forme – est à conserver impérativement ».
Georges Viaud
Les Activités de l’année 2015
Les conférences auront lieu
À la salle polyvalente à 15 heures
Du 19 janvier au 1er février 2015: Exposition sur Saint-Vincent de Paul dans le hall d’honneur de la mairie.
Le 24 du mois : Conférence sur L’Histoire de l’enfance abandonnée par Guillaume Normand, président de l’association Mémoires du centre d’accueil Saint Vincent de Paul.
Le 7 Février : Conférence par Roland Berman sur Les demeures parisiennes de Chateaubriand. Celle où il a vécu le plus longtemps de 1826 à 1838, était à l’Infirmerie Marie-Thérèse, sise à l’époque, 86-88, rue D’Enfer, et actuellement, 88-92, avenue Denfert-Rochereau.
Le 21 mars : Les Artistes et la Commune par Jean-Louis Robert.
Le 4 Avril : Conférence sur l’Ordre de la Libération et les Compagnons ayant un lien avec le XIVe, entre Résistance, Libération de Paris et cimetière du Montparnasse.
Le 11 avril : Les Artistes et les Ecrivains à Montparnasse en partenariat avec le CASA.
Programme de mai à novembre de l’année 2015
En mai, nous vous présenterons Les Policiers Rebelles, de la Résistance à la Libération de Paris, de Louis Brélivet à Honneur de la Police. Louis Brélivet, policier, a été le premier martyr de la libération de la capitale et Honneur de la Police qui est parti du café le Fontenoy, 34, rue de Vanves, le 19 août 1944 afin de prendre la préfecture de Police..
En juin, nous vous raconterons lors d’une conférence, l’histoire de la Cité Universitaire et de son 90e anniversaire. La première fondation, la Maison Deutsch de la Meurthe a été inaugurée le 9 juillet 1925. Le même mois, nous visiterons le Musée de l’Ordre de la Libération.
En septembre, nous serons présents au Forum de la rentrée et aux Journées du Patrimoine. Nous vous présenterons aussi grâce à Bernard Piccoli, président de l’association des Amis de Louis Pergaud, la vie de l’écrivain, prix Goncourt 1910, qui a demeuré, 3, rue Marguerin où il écrivit La Guerre des Boutons. A la fin du mois, nous visiterons également la Cité Universitaire.
D’octobre à novembre, du Père Corentin Cloarec à Jean Texcier, nous ferons le lien entre la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été des combattants valeureux lors de la première et de grands résistants lors de l’Occupation nazie de Paris.
Cette partie du programme de l’année 2015 est susceptible d’être modifiée en fonction de l’actualité.
1 Devoir de mémoire et d’histoire, travail de mémoire et d’histoire
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1316458677901/0/fiche___ressourcepedagogique/
2 Charles Péguy (1873-1914) Clio, Dialogue de l’histoire et de l’âme païenne
http://data.bnf.fr/11982257/charles_peguy_clio__dialogue_de_l_histoire_et_de_l_ame_paienne/
3 Citations et extraits de textes sur la mémoire
http://www.histoire.ac-versailles.fr/old/pedagogie/terminales/memoire2.htm
4 Les grandes familles de mots, 2e édition
books.google.fr/books?isbn=1471046281 / Jean-Claude ROLLAND – 2012
… le latin memento et le latin memoria, «mémoire» est purement accidentelle, memoria descendant d’une autre racine indoeuropéenne, la racine *(S)MER -…
François Bédarida, Mémoire et conscience historique dans la France contemporaine, in Histoire et mémoire, CRPD de Grenoble, 1998.