Chers Sociétaires,
En cette année 2015, parmi nos activités que nous désirons diversifier, nous nous consacrerons également à l’évocation de la deuxième année de la Grande Guerre et du 70e anniversaire de la Capitulation de l’Allemagne nazie en 1945.
L’année 1915 a été celle des interrogations et des difficiles adaptations sur le front de l’Ouest où on s’est installé dans les tranchées. Au sujet de ladite capitulation de l’Allemagne nazie, en fait il y en eu deux, une première qui a été signée le 7 mai 1945 à 2 h. 41, dans une salle du Collège technique et moderne de Reims et la seconde, le 8 mai à 23 h. 01, dans une villa de Karlshorst dans la banlieue orientale de Berlin.
les 5 et le 6 décembre 2014, il a été dévoilé les plaques commémoratives honorant les écrivains Eugène Ionesco, 96, boulevard du Montparnasse et Henri Queffélec, 52, avenue René Coty. Les rapports entre Montparnasse et les auteurs du Théâtre de l’absurde, appelé aussi Théâtre de la dérision par Emmanuel Jacquart ou Théâtre d’avant-garde par Bernard Dort ou bien Nouveau Théâtre par Jean-Pierre Weber, mériteraient une bien plus ample enquête. Eugène Ionesco disait qu’il préférait « à l’expression « absurde » celle d’insolite ou de sentiment d’insolite ». Il y eut aussi parmi ses auteurs, Arthur Adamov (1908-1970), Samuel Beckett (1906-1989), Jean Genet (1905-1966), sans oublier Jean Tardieu (1903-1999). Ils ont tous été des habitués du Carrefour Vavin et des ateliers de Montparnasse.
Fortement attachés à leur racine, les Bretons du XIVe mériteraient également une vaste étude, ne vivant pas tous que dans leur Petite Bretagne autour de la gare Montparnasse. Ils ont été acteurs, artistes, cuisiniers, écrivains, gens de la mode, musiciens, scientifiques, sportifs, poètes…
En ce début d’année, nous avons voulu vous présenter le programme de nos activités que vous trouverez dans sa rubrique dans son intégralité. Du 19 janvier au 1er février 2015, il y eut l’exposition sur A Saint-Vincent de Paul, deux siècles d’accueil d’enfants, avenue Denfert-Rochereau, Elle s’est tenue dans le hall d’honneur de la mairie. Son vernissage aura lieu le 19 janvier à 17 heures, jour d’ouverture de l’exposition qui se terminera le 1er février 2015. Le 24 du mois, il y eut une conférence sur L’Histoire de l’enfance abandonnée par Guillaume Normand, président de l’association Mémoires du centre d’accueil Saint Vincent de Paul.
Le 7 Février, Roland Berman vous a présenté une conférence sur Les demeures parisiennes de Chateaubriand. « Il voulait vivre tranquillement et s’occuper de son jardin. En fait il a beaucoup voyagé, beaucoup déménagé, beaucoup écrit, beaucoup aimé, sauf son épouse. »
Le 21 mars, Jean-Louis Robert, rappellera Les Artistes et la Commune. On disait au sujet du XIVe qu’il était le Belleville de la Rive Gauche.
« L’histoire est une quête de la Demeure et les histoires sont le récit des itinéraires parcourus par l’homme en vue de cette découverte. L’homme a toujours eu le sentiment qu’il était agent de l’histoire… »
Georges Viaud
[1] Richard Avedon – 27 janvier 1959, Paris, France
http://www.theavedonfoundation.net/index.php#mi=2&pt=1&pi=10000&s=2&p=3&a=0&at=0
[2] Henri Queffélec – Portrait
http://www.wikipoemes.com/poemes/henri-queffelec/biographie-index.php
Ionesco à Montparnasse
Le 5 décembre 2014, il a été dévoilé la plaque commémorative honorant Eugène Ionesco, 96, boulevard du Montparnasse. Elle l’a été sous l’égide de Carine Petit, maire du XIVe et de Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris. La cérémonie a compté avec la présence de Pascal Cherki, et celle d’Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie Française. Les discours ont été empreints d’une grande qualité et émotion. Marie-France Ionesco, professeur de lettres, a célébré également son père dans une délicate évocation et Stéphanie Tesson, directrice du Théâtre de poche Montparnasse, 75, boulevard du Montparnasse, et fille du journaliste Philippe Tesson, les a clôturés dans une très belle diction. Dès 1951, cette salle avait présenté La Leçon d’Ionesco sur une mise en scène de Marcel Cuvelier, et en 2013, Les Contes présentés par La compagnie L’Obtus Obus sur une scénographie de Coralie Maniez. Ionesco les avaient, d’ailleurs, écrits pour sa fille.
Né le 25 novembre 1909 en Roumanie à Slatina, à 150 km de Bucarest, Eugène Ionesco était le fils d’un roumain et d’une française. Il a été ainsi imprégné dès son enfance par la culture française. Par ailleurs, certaines sources rappellent que sa naissance a eu lieu plutôt en 1912. A l’aube des années 50, il avait parcouru la proclamation du critique Jacques Lemarchand qui « saluait l’avènement d’une nouvelle génération de jeunes auteurs, parmi lesquels figuraient Ionesco et Beckett ». Coquetterie de l’auteur, il s’était ainsi rajeuni de trois ans.
Ionesco, qui a été académicien, critique d’art, dramaturge, écrivain de langues française et roumaine, peintre, professeur de français et père du Théâtre de l’absurde, aimait Paris et Montparnasse. François Fejtö, historien français d’origine hongroise, spécialisé dans l’Europe centrale, se souvenait d’Ionesco en 1938 fréquentant « la fraternité cosmopolite » des brasseries du Carrefour Vavin. Ne disait-on pas dès la Belle Epoque, qu’il était : « Nombril de l’Univers, Centre du Monde et Tour de Babel ». Excusez du peu… On y venait du Mississipi à l’Oural. A l’Entre-deux-guerres, on y devisait qu’il était la Société des nations, la seule qui vaille…
En pleine gloire, Ionesco, son épouse Rodica et leur fille Marie-France s’installèrent, 96, boulevard du Montparnasse. Il s’y est éteint le 28 mars 1994. Si Montparnasse, dans sa longue durée, a accueilli les romantiques, les impressionnistes, les fauves, les cubistes, les dadaïstes et les surréalistes, il a su aussi distinguer les auteurs du Théâtre de l’Absurde. A l’origine de ce mouvement, il y eut l’angoisse de l’après-guerre confrontée à l’absurdité et à l’horreur de la Seconde Guerre Mondiale. Ils s’appelaient Adamov, Beckett et Ionesco auxquels on peut adjoindre Jean Genet et Jean Tardieu. Ils étaient à Montparnasse entre ateliers, logis et brasseries du carrefour Vavin.
Si Ionesco est surtout connu pour son théâtre, il nous faut dire qu’il a peint vers la fin de sa vie près de 400 gouaches et lithographies et écrit dès les années 1960 plus d’une quarantaine de critiques artistiques sur Alechinsky, Brancusi, Brauner, Byzantios, Giacometti, Klein, Miró, Schneider, entre autres. Sonia de Leusse-Le Guillou dans Eugène Ionesco, de l’écriture à la peinture, a su renouveler la vision de cet éclaireur avisé du XXe siècle.
Georges Viaud
Henri Queffélec et la Petite Bretagne de Paris
A l’initiative du conseil de quartier Montsouris-Dareau a été dévoilée le 6 décembre 2014, une plaque en hommage à Henri Queffélec, 52, avenue René Coty. Ecrivain de la mer et de la Bretagne, il y vécut de 1952 jusqu’à sa disparition en 1992.
Né à Brest en 1910, Il a été également scénariste. En 1958, il a reçu le Grand prix de l’Académie Française pour un Royaume sous la mer et en 1975, le Grand prix de littérature ladite académie. En 1988, il a été décoré de l’ordre de l’Hermine.
Henri Queffélec était un homme discret, toujours en retrait, doué d’un don d’écoute exceptionnel, mais aussi d’une grande ténacité. Il avait la passion des choses simples de la vie, de la nature, des îles, de la mer. Homme de foi catholique, il ne pouvait pas décrire la Bretagne sans y aborder la religion.
Nous avons assisté aux différents discours d’une grande humanité rappelant l’œuvre sans pareille dédiée à ses racines bretonnes. Carine Petit, maire du XIVe, Anne Queffélec, pianiste de renommée internationale, son frère Yann, prix Goncourt 1985 pour Les noces barbares, M. Leroux du conseil d’administration de l’Association des Amis d’Henri Queffélec et Mikaël Benaïn, président du conseil de quartier qui portait ce projet depuis deux ans. Ce fut un instant émouvant lorsque la maire a invité deux des petits-enfants à procéder eux-mêmes au dévoilement de la plaque.
Cette belle cérémonie a été suivie d’une réception organisée à la Maison de Monaco de la Cité Internationale Universitaire de Paris. Il y eut un magnifique récital de piano joué par Anne Queffélec, pendant lequel elle a interprété des œuvres de Bach, Debussy, Liszt, Mozart, Ravel, puis la riche biographie de notre écrivain breton présentée par Eric Auphan, président de l’Association des Amis d’Henri Queffélec, illustrée par la projection de photographies anciennes pendant laquelle les quatre enfants intervenaient. Yann Queffélec a su captiver l’attention de l’auditoire par sa brillante lecture d’extraits du livre de son père : Pas trop vite svp.
Si la grande île de l’archipel de la Petite Bretagne de Paris se trouve entre les XVe et XIVe autour de la gare Montparnasse, nombreux sont les iliens de talent qui ont demeuré dans notre Petite Patrie, comme les peintres Yves Tanguy et Tal-Coat, les écrivains Chateaubriand et Charles le Goffic, entre autres. N’oublions pas de grâce le peintre qualifié parfois de fauve breton, Jean-Julien Lemordant, voisin de Queffélec, 50, avenue René Coty.
L’un des romans, Le Recteur de l’ile de Sein, a été porté au cinéma sous le nom de Dieu à besoin des hommes par le réalisateur Jean Delannoy. Ecrit sous l’Occupation et publié en en 1945, il est l’hymne de l’île de Sein et de sa religiosité. Nous avons aimé de cet ouvrage, cette citation parmi d’autres. « C’était miracle qu’une fois pour toutes, un beau jour, les flots ne déferlent pas dessus, ne l’arrachent, ne l’entraînent pas dans les abîmes, et le miracle, à chaque instant, se poursuivait. Derrière l’horizon, dans cette mer qui ne semblait plus être que le flot et le flot, l’île vivait, l’île était heureuse… »
Comment de ne pas oublier également cette île dans la geste de la France libre. « Ils étaient le quart de la France… », répondant à l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Une place les honore dans notre arrondissement.
Michèle Maron et Georges Viaud
Les demeures parisiennes de Chateaubriand (1768-1848)
Outre ses séjours en France, en Europe et en Orient, Chateaubriand, né à Saint Malo, élevé à Combourg, a totalisé environ, 31 domiciles parisiens ; soit qu’il y ait résidé, soit qu’il ait gardé ses adresses à Paris, alors qu’il voyageait pour le gouvernement ou avec une de ses maitresses. Nous retiendrons, 3 résidences principales :
1. la Vallée aux Loups, exil modéré sous Napoléon, située à 2 lieues (8 km) de Paris, à Chatenay. Il l’avait achetée en 1807, grâce au succès de son livre, « Le Génie du Christianisme ». Son épouse écrit : « Une chaumière sauvage, un verger très rustique ». Le couple, mal assorti, y réside 10 ans et transforme avec succès, maison et jardins. L’écrivain, Rousseauiste, adorait la nature. Il a toujours défendu, la liberté de la presse, ce qu’il lui a valu de perdre titres et appointements sous Louis XVIII. En 1817, il doit vendre cette propriété qui deviendra au 20e siècle, le siège de la Société Chateaubriand. Cette demeure est toujours visitée de nos jours. Entre 1817 et 1826, le couple habite une douzaine de domiciles parisiens.
2. De 1826 à 1838, ils habiteront l’Infirmerie Marie Thérèse, rue d’Enfer (notre avenue Denfert Rochereau). En 1819, peu aimable, mais bien-pensante, Madame de Chateaubriand est à l’origine de la création de l’Infirmerie (dans le 12ème et dernier arrondissement de Paris à cette époque, dans le 14ème arrondissement de nos jours). Madame de Chateaubriand est très aidée par la Duchesse d’Angoulême, fille ainée de Louis XVI et de Marie Antoinette, « l’Orpheline du Temple », dont l’Institution porte les 2 prénoms. Admirée par Napoléon qui disait d’elle « c’est le seul homme de la famille ». Toujours à cours d’argent, Chateaubriand emprunte, achète bâtiments et jardins : il y cultive des plantes, des arbres, il rédige les premiers chapitres des Mémoires d’Outre-Tombe. Tous les après-midis à pied, il rend visite à Madame Récamier qui tenait un illustre salon littéraire à l’Abbaye aux Bois. Son épouse, « laide et méchante, mais très pieuse » récolte des fonds, organise des fêtes, ouvre une chocolaterie « catholique ». Elle se plaint « je suis la veuve d’un mari vivant,… », « le Cha. court de Madame en Madame ». Châteaubriand doit en, 1838, céder la propriété à l’Archevêché.
Une parenthèse : en 1832 un séjour de 2 semaines en prison à la Préfecture de Police. Défenseur des Bourbons haïssant Louis Philippe, il soutenait la tentative de la Duchesse de Berry, veuve, qui voulait mettre sur le trône son fils. Il est mis en cellule, mais bien vite dans les appartements du Préfet de Police, puis innocenté et libéré.
3. Il s’installe en 1838, 120 rue du Bac à proximité de Juliette Récamier….amie de sa femme ; il y terminera « les Mémoires d’Outre-Tombe », monument de la littérature française. Céleste meurt en 1847 et repose dans la chapelle de son Infirmerie, Chateaubriand meurt en 1848 et repose face à Saint Malo et à la mer. Juliette Récamier en 1849.
Chateaubriand : voulait vivre tranquillement et s’occuper de son jardin. En fait il a beaucoup voyagé, beaucoup déménagé, beaucoup écrit, beaucoup aimé, sauf son épouse.
Roland Berman
Le samedi 7 février, Roland Berman, administrateur de la Société Historique et Archéologie du XIVe arrondissement, a tenu une admirable conférence sur Les demeures parisiennes de Chateaubriand. Celle où il a vécu le plus longtemps de 1826 à 1838, était à l’Infirmerie Marie-Thérèse, sise à l’époque, 86-88, rue D’Enfer, actuellement, 92, avenue Denfert-Rochereau. Le conférencier a charmé l’auditoire par de ses belles connaissances qui a posé de nombreuses et pertinentes questions. Ce fut une bien belle après-midi.
Notes de la Rédaction au sujet de l’acquisition par la Bibliothèque Nationale du manuscrit des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand[1]
« Composé de 3.514 pages, relié en dix volumes, le manuscrit est la seule copie intégrale connue des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand. Il devait être mis aux enchères ce mardi à Drouot à 14 h. 30 mais le lot a été retiré après avoir été acquis de gré à gré par la Bibliothèque nationale de France (BNF), a indiqué la maison Beaussant Lefèvre, organisatrice de la vente. »
« Entre 400.000 et 500.000 euros
« Ecrit par des secrétaires et signée en 1847 de la main de Chateaubriand (1768-1848), le manuscrit est estimé entre 400.000 et 500.000 euros. Le montant de l’acquisition n’a pas été révélé. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a salué aussitôt cette «acquisition exceptionnelle réalisée par l’Etat à la suite d’un accord amiable avec le propriétaire ».
« Chateaubriand brûlait ses brouillons
« Il n’existe pas de manuscrit autographe de cette œuvre capitale, Chateaubriand ayant pris l’habitude de dicter son texte à un secrétaire et ayant brûlé la plupart de ses brouillons. »
« Cette version est la seule qui permette de comprendre l’architecture de l’œuvre telle que l’a voulue l’auteur, la BNF en possédant une autre copie mais très partielle », rappelle la ministre dans un communiqué. « Ces éléments ont justifié la reconnaissance du manuscrit comme trésor national. Il rejoindra les collections de la Bibliothèque nationale de France ».
« Cette copie des Mémoires d’outre-tombe provient « du descendant du notaire parisien Maître Cahouët, qui a reçu ce manuscrit en dépôt en 1847 comme une sorte de copie témoin», a précisé Maître Eric Beaussant à l’AFP. « Il ne s’agit pas d’une minute notariale, qui aurait dû dans ce cas revenir aux Archives nationales, mais d’un document privé », a ajouté Maître Beaussant, précisant que les services des Archives ont préalablement examiné la question. »
[1] Journal 20 minutes du 26 novembre 2013 – Le manuscrit des «Mémoires d’outre-tombe» retiré de la vente et classé Trésor National
http://www.20minutes.fr/culture/1254993-20131126-20131126-manuscrit-memoires-outre-tombe-retire-vente-classe-tresor-national
Tourlourou, Pioupiou, Bleuet et Poilu
Pour la première fois, la guerre a été également chimique entrainant ainsi les Poilus des tranchées à se raser afin de pouvoir porter les masques à gaz, respectant ainsi le règlement militaire.
D’ailleurs, le mythe et le terme du poilu a été consacré dans les mémoires. En 1914, il était Tourlourou, Pioupiou puis Poilu. Ces mots fort oubliés pour la plupart sont de vieille ascendance. Au XIXe siècle, Le Tourlourou était « un soldat de l’infanterie de ligne » portant le fameux pantalon rouge. Il désignait également le bidasse et le troupier[1]. Venant de « turelure » et de « tureluru », on l’utilisait au Moyen-âge dans le sens de refrain comique et burlesque où dans sa forme de « turelure » désignant une cornemuse[2]. Le mot était également dit au sujet des comiques troupiers et chanteurs déguisés en soldats portant le pantalon rouge. Après la Grande Guerre, le terme est tombé en désuétude en raison notamment de l’uniforme bleu horizon et de la force mythique du combattant victorieux, le Poilu.[3]
Le Pioupiou s’est fait à partir du cri du poussin, Piou Piou. Les enfants appellent ainsi les oiseaux et les adultes, tendrement, le nourrisson ou le jeune enfant[4]. Depuis le règne de Louis-Philippe au moins, le mot, dans le sens militaire, est dû à Antoine-François Varner (1789-1854), écrivain et vaudevilliste. Il l’a présenté en 1838 au Théâtre du Palais-Royal dans sa comédie en 2 actes mêlée de couplets, Le Pioupiou, où la Gloire et l’Amour.[5]
Le Bleuet était quelque part un Pioupiou, le mot remontant à la période révolutionnaire où les soldats portaient l’uniforme blanc de l’ancienne armée du roi alors que les conscrits étaient en bleu. Le terme a désigné également les jeunes soldats de la classe 1917 qui n’ont connu que l’uniforme bleu horizon[6]. Ils étaient alors accueillis par les Poilus qui avaient déjà vécu l’enfer du feu.
D’ailleurs, le terme n’est point né dans les tranchées de la Grande Guerre, le mot « poilu » désignant dans le langage familier ou argotique un homme courageux et viril. Dans Les Précieuses ridicules de Molière, on y retrouvait l’ancienne expression de « brave à trois poils ». Il en est de même dans les termes « avoir du poil » et « avoir du poil aux yeux » et aussi dans l’admiration portée à quelqu’un « qui a du poil au ventre ». La chose est dite…
Contemporain de Ferdinand Brunot, l’éminent linguiste Albert Dauzat l’a rappelé dans l’Argot des Poilus, d’après une enquête auprès des officiers et soldats, paru en 1918. « Poilu existe depuis un siècle au moins dans notre argot militaire. Il fut un mot de grognard, comme le témoigne Balzac, lorsque, dans le Médecin de campagne, Bénassis présente au commandant Génestas un survivant de la Bérésina, le vaillant Gondrin ». D’ailleurs, l’immense écrivain de La Comédie Humaine a écrit Le médecin de campagne en 1833 alors qu’il demeurait de 1829 à 1837, à peu près au niveau du 1 de la rue Cassini.
Disons aussi que les vaillants grognards de l’empire qui se battaient en pantalons rouge garance, tout comme les braves soldats de 1914 qui bataillaient au temps de la guerre de mouvement dans les premiers temps du conflit, ont été massacrés sur les champs de bataille.
Georges Viaud
[1] Centre Nationale de de ressources textuelles et lexicales
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/Tourlourou
[2] Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe et XVe siècles, Libraire-Editeur F. Vieweg, Paris, 1881-1902.
http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/turelure
[3] Le Tourlourou
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tourlourou
[4] Piou
http://fr.wikipedia.org/wiki/Piou
[5] Antoine-François Varner (1789-1854)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Fran%C3%A7ois_Varner
[6] Dictionnaire argotique populaire
http://www.languefrancaise.net/bob/syno.php?id=58&synonyme=soldat,%20fantassin,%20ou%20en%20g%E9n%E9ra
Les Activités de la SHA 14
De mars à novembre (sauf indications contraires), les conférences ont lieu à 15 heures à la salle polyvalente de la mairie du XIVe arrondissement, 2, place Ferdinand Brunot. L’entrée est libre et gratuite. Venez nombreux y assister, elles sont variées comme la riche histoire de l’arrondissement.
Le samedi 21 mars : Conférence avec projection par Jean-Louis Robert sur Les Artistes et la Commune. (20)
Le samedi 4 Avril : Conférence par G. Viaud avec la participation de Michèle Maron sur L’histoire de la Cité Universitaire et de son 90e anniversaire.
Le samedi 11 avril : le Casa et la SHA 14 organisent une promenade en car suivie d’un goûter à La Coupole moyennant le prix de 25 €. Elle évoquera Les Artistes et les Ecrivains à Montparnasse. Vous pouvez vous inscrire à partir du 6 février, auprès du CASA, au 1er étage du 26, rue Mouton-Duvernet.
Gilles Primout – La Libération de Paris, le 15 août 1944 au 43, avenue Ernest Reyer, XIVe
http://mapage.noos.fr/liberation_de_paris/policiers15.htm
Le samedi 13 juin : Conférence par G. Viaud sur Les Policiers Rebelles, de la Résistance à la Libération de Paris, de Louis Brélivet à Honneur de la Police.
Louis Brélivet, policier, a été le premier martyr de la libération de la capitale et le réseau Honneur de la Police est parti du café Le Fontenoy, 37, rue de Vanves, le 19 août 1944 afin de conquérir la préfecture de Police.
Programme de septembre à novembre de l’année 2015
Riches de commémorations, les millésimes 2014 et 2015 sont des années rares. L’année dernière, nous avons célébré les débuts fracassants de la Grande Guerre, il y a cent ans, ainsi que le 70e anniversaire de la Libération de Paris, heureux prélude à la Libération de la France. En 2015, nous célébrons la mémoire de la deuxième année de la Grande Guerre, ainsi que les 70e anniversaires de la libération des camps de concentration et d’extermination et de la capitulation de l’Allemagne nazie qui a été signée le 8 mai 1945.
Au fil des commémorations, nous pensons à cette guerre de trente ans, selon l’expression du Général de Gaulle, qui a généré deux guerres mondiales et plus de 78 millions de morts. Nées de la guerre franco-prussienne et des rivalités économiques et politiques de la Belle Epoque, elles se sont poursuivies par la Guerre Froide. Espérons qu’elles ont été les Der des Ders.
L’année 1915 a été celle des interrogations et des difficiles adaptations sur le front de l’Ouest.[1] Alors qu’on espérait que le conflit finirait au milieu de l’été, elle a connu l’invention d’une nouvelle guerre dans les tranchées. Elle a vu la nécessaire mise en place du développement de l’artillerie avec celle qui en est induite de l’industrialisation. Cette situation donna alors naissance au sentiment pérenne que la guerre allait durer. C’est ainsi que les portes du XXe siècle se sont ouvertes. Les années 1916 et 1917, qui ont connu le temps des Hyper batailles comme celles du Chemin des Dames, de la Somme, de Vimy, de Passchendaele et de Verdun, n’ont fait que poursuivre la lancée du nouveau siècle. [2]
Dans les derniers mois de l’année 2015, nous vous présenterons trois conférences où nous rendrons hommage à trois valeureux combattants de la Grande Guerre dont deux qui ont été également des résistants de la première heure à l’occupant nazi. Le 26 septembre, il y aura la conférence du frère franciscain Jean-Louis Pommier sur le Père Corentin Cloarec (1894-1944), franciscain, résistant, qui a été assassiné dans son couvent le 28 juin 1944 par la Gestapo. Le 10 octobre, nous vous présenterons Jean Texcier (1888-1957), illustrateur, journaliste, peintre, socialiste, auteur des spirituels Conseils à l’occupé, dès le 2 juillet 1940, et membre fondateur en novembre 1941 du mouvement de résistance Libération Nord. C’était La Rose et le Réséda d’Aragon, c’était « Celui qui croyait au ciel » et « Celui qui n’y croyait ».
En novembre, le mois de la commémoration de la Grande Guerre, nous rendrons aussi hommage à Louis Pergaud (1882-1915), l’auteur d’Histoires de bêtes de Goupil à Margot (prix Goncourt 1910) au Roman de Miraut, chien de chasse, qui lui valut l’élogieux et juste surnom de « Balzac des bêtes ». Nous n’oublierons pas l’immortelle Guerre des Boutons de 1912, rédigé, 3, rue Marguerin. « Une bouffée de fraîcheur juvénile, une épopée savoureuse, un plaisir pour le lecteur retrempé dans une enfance saine et vigoureuse. »[3]
Nous y évoquerons la fâcheuse date du « soir du 7 avril 1915 » où à la côte 233 de Marchéville-en-Woëvre dans le secteur des Eparges, l’écrivain, ami des bêtes et des enfants et antimilitariste, périt, blessé par les Allemands sous une salve de l’artillerie française. Tout comme Alain-Fournier, demeurant, 2, rue Cassini, qui a succombé en 1914 dans la Tranchée de Calonne au sud des Eparges[4], Louis Pergaud a été porté disparu mais Il reste avec nous. Que Les Amis de Louis Pergaud et son président Bernard Piccoli en soient remerciés.[5]
[1] Collectif sous la direction de François Cochet et Rémy Porte, Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918, Editions Robert Laffont, S.A. Paris, 2008 – Rémy Porte, Comprendre la Grande Guerre…, 1915, année des interrogations et des premières difficiles adaptations, pp. XI-XII.
[2] François Cochet, La Grande Guerre, Fin d’un monde, début d’un siècle, Editions Perrin d’Edi8/Ministère de la Défense, Paris, 2014, pp. 226-285.
[3] Les Amis de Louis Pergaud – A Paris
http://pergaudlouis.free.fr/spip.php?article5
[4] Alain Fournier et ses compagnons d’arme retrouvés en 1991 dans une fosse commune à Saint-Remy-la-Calonne (55)
http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=55465_2
[5] Les Amis de Louis Pergaud
http://pergaudlouis.free.fr/
Calendrier
En septembre, nous serons présents au Forum de la Rentrée et aux Journées du Patrimoine. Le samedi 26 à 15 heures, nous assisterons à la conférence du frère Jean-Louis Pommier sur Le Père Corentin Cloarec, dans une salle du couvent des Franciscains, 7, rue Marie-Rose, XIVe.
Le samedi 10 octobre : Conférence par G. Viaud sur Jean Texcier, de la Grande Guerre aux Conseils à l’occupé, à la salle polyvalente de la mairie principale du XIVe, 2, place Ferdinand Brunot.
Du 26 octobre au 13 novembre : exposition dans le hall d’honneur de la mairie XIVe sur Louis Pergaud par Bernard Piccoli, président de l’association des Amis de Louis Pergaud. La conférence se tiendra le samedi 7 novembre, à 15 heures à la salle polyvalente de la mairie principale du XIVe, 2, place Ferdinand Brunot.