Chers Sociétaires,
Nous allons consacrer l’année 2014 aux commémorations du Centenaire de la Grande Guerre et du 70e anniversaire de la Libération de Paris.
Dans le cadre du Centenaire, le 25 janvier à 15 heures Roland Berman vous présentera La Grande Guerre à Paris. Le 8 mars lors de la Journée de la Femme, votre serviteur vous exposera Les femmes dans la Grande Guerre, de la Munitionnette à la Garçonne. Le 29 mars, Jean-Louis Robert vous montrera Les Quatorziens morts pour la France pendant la Grande Guerre – Qui ? Comment ? Où ?
Toutes ces conférences se tiendront bien entendu à 15 heures à la Salle Polyvalente de la mairie.
Yvan Belledame et Jean-Pierre Terseur préparent avec beaucoup de soin pour le samedi 17 mai, une Visite du Musée de la Grande Guerre à Meaux. Ils demandent vos avis.
Anne-Marie-Dèpaillat et Yvan Belledame organisent également une Visite du Musée Clémenceau à Passy. Elle vous sera communiquée dans le prochain bulletin.
En juin, Georges Grand vous dévoilera l’œuvre de l’écrivain Patrick Modiano et ses liens avec le 14e Arrondissement et la Seconde Guerre Mondiale.
Nous commémoreront le 70e anniversaire de la Libération de Paris à partir du mois d’août de cette année. Nous envisageons deux conférences. La première sera dédiée à la terrible Vie quotidienne des Parisiens et la seconde à La Libération de Paris au fil des destinées exceptionnelles du Colonel Rol-Tanguy et du Général Leclerc.
Au sujet de la Ferme de Montsouris, le 22 novembre dernier, le promoteur a obtenu le permis de démolir sur toute la parcelle sauf sur le bâtiment de ferme, acquis par la ville de Paris. Pendant la trêve des confiseurs, ils ont commencé la démolition du 26, rue de la Tombe Issoire. Il ne reste, à l’heure actuelle, qu’à abattre le 1er étage et le rez-de-chaussée. Curieusement, nous n’avons pas de nouvelles des fouilles archéologique sur le site votées par la Ville de Paris.
Quel avenir pour l’Oratoire
de l’hôpital Saint Vincent de Paul ?
Depuis 2010 on a assisté à la disparition programmée de l’Hôpital Saint Vincent de Paul avec, en premier lieu, la fermeture des urgences, puis le transfert progressif de ses divers services soit à Cochin, soit à Necker. A l’heure où nous écrivons il ne reste en fonctionnement sur le site, dans la partie dite ‘’de l’Oratoire’’, que ‘’le Centre d’ Accueil d’Urgence pour l’Enfance ’’. Il s’agit d’un établissement public départemental spécialisé dans l’accueil des enfants nécessitant protection dès la naissance. Le déménagement de ce service public à la Porte des Lilas était prévu pour fin décembre ; il a été reporté au 15 janvier 2014. Une fois ce transfert réalisé que deviendront les locaux abandonnés ? En particulier que deviendra la chapelle dédiée à ‘’la Sainte Trinité et à l’Enfant Jésus’’ située 76 avenue Denfert Rochereau, et dont le portail et la façade avec rosace, sont connus de tous les habitants du XIVème arrondissement ?
Hospice des Enfants assistés – Carte postale ancienne (Coll. YAB)
Un bref point d’histoire : cette chapelle a été construite entre 1655 et 1657 par l’architecte Daniel Gittard. Elle était le lieu de culte du noviciat de l’Ordre de l’Oratoire et cela dura jusqu’en 1792 (1). Après la Révolution l’Institution de l’Oratoire devint à partir de 1814 un hospice pour enfants trouvés de moins de 2 ans. Il faut rappeler qu’un ‘’ tour ‘’ avait été installé dans le mur de l’hospice donnant sur la rue d’Enfer, appellation à l’époque, de notre actuel boulevard : on pouvait déposer sur la partie du plateau donnant sur la rue, l’enfant que l’on décidait d’abandonner ; le plateau en tournant faisait entrer l’enfant à l’intérieur des locaux de l’hospice où les sœurs de Saint Vincent de Paul le prenaient en charge. Ce ‘’tour ‘’ a fonctionné jusqu’en 1860, année à compter de laquelle l’Institution de l’Oratoire a pris le nom d’Hospice des Enfants Assistés’’. Au fil des ans de nombreux bâtiments furent construits et l’ensemble ainsi constitué fut dénommé en 1942, ’’Hôpital-hospice Saint Vincent de Paul’’. Au sein de cet ensemble hospitalier ’l’Oratoire ‘’ dit aussi la ‘’Pouponnière‘’, a continué de fonctionner jusqu’à nos jours.
Donc après transfert, que va devenir ce bâtiment qui a vu passer de si nombreuses générations d’enfants en difficulté ? Le Plan Local d’Urbanisme a classé l’Oratoire dans la catégorie des immeubles à préserver. Reste la question : comment sera sauvegardé ce lieu ou une partie de ce lieu, où convergent tant de mémoires d’adultes, qui, enfants, y ont séjourné ? Y revenant même pour y retrouver …quelque trace ?
Hospice des Enfants Assistés – La crèche – Carte postale ancienne (Coll. YAB)
C’est la question que s’est posée lors de son départ en retraite Geneviève Lecuyer-Albert longtemps attachée à ‘’l’Oratoire’’ comme psychologue. C’est pour faire en sorte qu’une réponse soit donnée à cette question qu’elle a décidé, sur une idée de Guillaume Normand, archiviste, de créer avec d’autres collègues, une association dont l’objet est d’œuvrer à ce que, malgré les restructurations et destructions qu’implique, hélas, toute opération immobilière de l’envergure de celle qui se prépare, cet endroit et ce bel immeuble du XVIIème siècle soient préservés, et deviennent un lieu de mémoire.
Hospice des Enfants Assistés – La crèche – Carte postale ancienne (Coll. YAB)
La Société Historique du XIVème arrondissement, soucieuse de la préservation des lieux ou chemins de mémoire et du patrimoine de l’arrondissement, a décidé de soutenir les initiatives que cette nouvelle association sera conduite à prendre. Elle demande donc aux sociétaires intéressés par les buts que se donne cette association, de se faire connaitre auprès du signataire du présent article.
Jean-Pierre Terseur
LA GRANDE GUERRE … ET PARIS
28 Juin 1914 : le Président de la République R. Poincaré revient d’une visite à Nicolas II tsar de Russie, sur un navire de guerre.
Ce même jour, à la suite de l’attentat de Sarajevo où périrent le neveu et la nièce de l’Empereur de l’Autriche Hongrie, perpétré par un Serbe, l’Allemagne et l’Autriche adressent un ultimatum à la France et à la Russie les sommant de ne pas mobiliser.
1er août 1914 : mobilisation France, Angleterre Russie. A Paris la foule s’amasse silencieuse, portant des brassards professionnels, les bus sont réquisitionnés, le métro roule normalement, les commerces sont pris d’assaut, on crie « à Berlin », les noms alsaciens ou étrangers sont suspects. La presse est pessimiste : ressortent tristesse, misère, alcoolisme, maladie.
Les combats commencent : en quelques jours Mulhouse occupée comme l’Alsace-Lorraine depuis 1870, est délivrée et reprise quelques jours après par les Allemands. La Belgique et le Nord de la France sont occupés rapidement.
2 septembre : le gouvernement quitte Paris pour Bordeaux. L’exode commence. Les Russes attaquent mais seront défaits à Tannenberg. Les bobards circulent. « L’avance victorieuse » est transformée en « replis stratégiques ». Un million de parisiens quittent la capitale. Le Général Galliéni fait placarder sa fameuse proclamation.
3 septembre : les Allemands sont devant Chelles à 30km de Paris. Tout ce qui roule est réquisitionné, y compris les fameux taxis de la Marne. L’ennemi recule, Paris est sauvé, le front est stabilisé, les tranchées creusées.
La vie parisienne se normalise petit à petit (cinéma, théâtres, cafés), les poilus en permission sont acclamés et parfois critiqués pour leur tenue.
Le mot « boche »apparaît mais il est interdit. On craint la 5ème colonne spécialité allemande d’espionnage. Neuf départements sont occupés en totalité ou partiellement. Les femmes conduisent bus et tram, travaillent la nuit pour de petits salaires.
L’année 1917 est terrible. Les Russes ont cessé le combat, 1 million de soldats allemands sont transférés sur le front de l’Ouest. Les Italiens sont écrasés à Caporetto. Heureusement les troupes américaines débarquent en renfort.
La tuberculose, la typhoïde, la rougeole font de nombreuses victimes. Les cinémas font le plein. Les films sont muets, médiocres, la musique jouée par un pianiste. La censure veille.
La guerre est aussi navale et aérienne : les avions Taube (pigeons en allemand) lancent des bombes sur Paris. Les zeppelins sont impressionnants mais fragiles. DCA et aviation française les éliminent.
Paris est ensuite bombardée par les gothas, avions comparables à des super bombardiers. Caves et métros servent d’abris dès l’alerte aérienne.
Mars 1918 : l’armée allemande est à 50 km de Paris qui n’est pas évacuée. Le 22 mars retentissent de très grosses explosions : or le ciel reste vide. Des canons à longue portée bombardent depuis 100 km et non plus 30. La fameuse grosse Bertha est un mortier dont les obus pèsent 100 kg. Le vendredi Saint le 29 mars, un obus fait une centaine de morts dans une église. Les allemands sont à Château Thierry. Les parisiens et banlieusards fuient vers le sud. Une contre attaque alliée repousse l’ennemi. Une attaque d’un genre très différent envahit la France : la grippe espagnole. Ecoles et cinémas sont fermés, l’industrie funéraire et florale est débordée. Les médicaments sont inefficaces.
La grippe tue environ 90.000 personnes en France.
La grippe recule peu à peu. L’optimisme revient. Les alliés envisagent d’envahir l’Allemagne qui se déclare trahie par les politiques alors que son armée reste puissante.
Le 11 novembre l’armistice est signé en forêt de Compiègne. Les cloches sonnent, les drapeaux alliés flottent.
Clémenceau, Foch et les Généraux sont acclamés ainsi que le défilé victorieux des alliés.
400.000 soldats français sont rapatriés via la Suisse et la Hollande restées neutres.
Bilan : 1.400.000 morts, 100 .000 mutilés dont 15.000 « Gueules cassées », 700.000 veuves de guerre. Enfin la paix, la « der des ders » ?
A Mulhouse, le dernier officier allemand à quitter la ville déclare simplement :
« au revoir, nous reviendrons dans 20 ans ! »
Roland Berman
La Ferme de Montsouris
La Ferme de Montsouris a été jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale, une ferme de ville, une ferme de nourrisseurs. Elle était la propriété de l’abbé Keller, l’abbé Pierre des Années Folles. Elle comprenait une laiterie (détruite dans les années 50) ; une grange-fenil (racheté par la ville de Paris, mais que cette dernière refuse de protéger en la classant Monument Historique) ; l’immeuble sur rue, en cours de démolition, a servi de logements pour les garçons vachers et pour des familles dans le besoin grâce à l’abbé Keller et, plus tard, à l’abbé Pierre ; la maison des vachers (détruite par le promoteur en octobre 2011) et la grande cour de ferme (menacée d’être lotie par l’opération immobilière).
Cet ensemble unique est assis sur la Carrière du Chemin de Port-Mahon, datant du Moyen-âge, la seule classée de Paris. Elle est fortement menacée, elle servira de fondation à l’immeuble projeté de 9 étages. Justement selon deux sommités de l’architecture médiévale,
Nicolas Fauchèrre, professeur d’Archéologie Médiévale à l’Université d’Aix-en-Provence et Philippe Plaigneux, professeur d’histoire de l’art médiéval à l’université de Besançon et à l’École nationale des Chartes, la carrière serait totalement dénaturée par la dite opération immobilière. D’ailleurs, le mercredi 12 février à 15 heures au Tribunal Administratif de Paris, 7, rue de Jouy, l’affaire sera jugée. Espérons que la vérité triomphera.
Georges Viaud
Pétition
Pour la Ferme de Montsouris
Depuis la fin des années 90, les différents ministres de la Culture ont délivré systématiquement des autorisations d’urbanisme à un promoteur dont le seul but est d’édifier sur ce site un gigantesque immeuble d’appartements de standing, afin de réaliser une juteuse opération de spéculation immobilière. Si vous n’avez pas internet, veuillez nous écrire, nous le ferons pour vous.
(1) Voir les études d’A. Depoux sur le Noviciat de l’Oratoire et sur l’Hospice des enfants trouvés après 1814 parues dans la Revue d’Histoire du XIVème arrondissement (N° 1 de 1955 et n°3 de 1958)