Au 51, avenue de l’Observatoire, à la cantine Au Vrai Poilu, des dames charitables mettaient à la disposition des soldats, du papier à lettres, de la lecture et du café, du thé et de la bière à volonté pour la modique somme de 10 centimes de franc.
L’expression militaire n’est point née dans les tranchées de la Grand Guerre, le mot « poilu » désignant dans le langage familier ou argotique un homme courageux et viril. Dans Les Précieuses ridicules de Molière, on y retrouvait l’ancienne expression de « brave à trois poils ». Il en est de même dans les termes « avoir du poil » et « avoir du poil aux yeux » et aussi dans l’admiration portée à quelqu’un « qui a du poil au ventre ». La chose est dite…
Contemporain de Ferdinand Brunot, l’éminent linguiste Albert Dauzat l’a rappelé dans l’Argot des Poilus, d’après une enquête auprès des officiers et soldats, paru en 1918. « Poilu existe depuis un siècle au moins dans notre argot militaire. Il fut un mot de grognard, comme le témoigne Balzac, lorsque, dans le Médecin de campagne, Bénassis présente au commandant Génestas un survivant de la Bérésina, le vaillant Gondrin ». D’ailleurs, l’immense écrivain de La Comédie Humaine a écrit Le médecin de campagne en 1833 alors qu’il demeurait, 1, rue Cassini de 1829 à 1837.
Rappelons aussi que les vaillants grognards de l’empire qui se battaient en pantalons rouge garance, tout comme les braves soldats de 1914 qui combattaient au temps de la guerre de mouvement dans les Premiers temps du conflit, ont été massacrés sur les champs de bataille.
D’ailleurs, le 22 août 1914, jour caniculaire, près de 27 000 soldats, en pantalon rouge garance, ont été fauchés dans la fleur de l’âge par la mitraille sur un front s’étendant sur 400 km. Ce fut la journée la plus sanglante de l’histoire militaire de la France.
S’installant dans les tranchées pour 4 ans, nos braves soldats devinrent des poilus, tout en changeant de couleur d’uniforme, du rouge garance au bleu dit horizon. Les conditions de vie leurs permirent de se laisser pousser les cheveux surtout au début de la guerre mais en 1915 la terrible apparition des gaz et l’utilisation des masques firent disparaitre la barbe des visages suivant ainsi le règlement militaire.
Georges Viaud,
Président de la Société Historique et Archéologique du XIVe arrondissement
Les pertes françaises de la Grande GuerreA la fin de la Grande guerre, dans une saignée sans précédent, la France comptait à peu près 1 400 000 soldats morts ou disparus, sans oublier les 400 000 victimes de la grippe espagnole avec plus de 4 000 000 de blessés où gazés dont 1 200 000 invalides où malheureusement les plus connus sont les 15 000 « blessés de la face », les Gueules Cassées, qui attendirent 1925 pour être reconnus. Cette situation inédite laissa, bien entendu, un triste héritage avec près de 600 000 veuves et près d’un 1 000 000 d’orphelins.Bilan humain de la Grande Guerre en Francehttp://jailamemoirequiflanche.blogspot.fr/2011/03/veuves-et-orphelins-de-la-premiere_26.html& http://mediologie.org/cahiers-de-mediologie/15_visage/renucci.pdf& http://www.histoire-fr.com/troisieme_republique_premiere_guerre_mondiale_7.htm |
Les prix et l’inflation à Paris durant la Grande Guerre
Prix | 1914 | 1915 | 1916 | 1917 | 1918 |
Pain (francs par kilo) | 0,43 | 0, 45 | 0,48 | 0,50 | 2,00 |
Lait (francs par litre) | 0,17 | 0,30 | 0,50 | 0,60 | 2,00 |
Bœuf (francs par kilo) | 2,20 | 3,00 | 6,00 | 8,00 | 10,00 |
Salaires 1914 (indice 100) | 100 | 125 | 126 | 137 | 173 |
3e encart : Petite musique bibliographique
Petite musique bibliographique Ouvrages
Honoré de Balzac, Le médecin de campagne, 1833. Sites internet Inflation selon l’INSEE Massacre du 22 août 1914 où périrent près de 27 000 soldats Le Poilu |