Depuis le 1er janvier 1860, le XIVe arrondissement porte le nom de l’Observatoire avec ses 4 quartiers. Il en est de même des 19 autres arrondissements de Paris qui ont chacun leur nom. Nous avons ainsi le 53e quartier de Montparnasse, le 54e du parc de Montsouris, le 55e du Petit-Montrouge et le 56e de Plaisance. Le quartier du Montparnasse est, d’ailleurs, délimité au milieu de la chaussée, au Nord par les boulevards éponyme et de Port-Royal, à l’Est par la rue de la Santé, au Sud par le boulevard Saint-Jacques, la place Denfert-Rochereau et la rue Daguerre et à l’Ouest par l’avenue du Maine et la rue du Départ.
Montparnasse est connu du monde entier, on y venait du Mississippi à l’Oural, des glaciers de la Finlande à la Terre de feu et de la Patagonie. Ne disait-on pas à la Belle Epoque que le Carrefour Vavin était : « Nombril de l’Univers, Centre du Monde et Tour de Babel ». Excusez du peu… De la Grande Guerre provient la Légende noire de Montparnasse, elle s’explique par la chute brutale des activités économiques, les artistes ne vendant plus et les écrivains ne publiant pas chez les éditeurs ou dans les journaux. La misère s’installa ainsi à Montparnasse. D’ailleurs, voulant remercier la France de son hospitalité et de sa grande culture, les étrangers ont été nombreux à Montparnasse à s’enrôler dans l’armée française. Vous verrez au point 10 du chemin de mémoire dans l’arrondissement, là-même où nous rendons hommage au photographe Charles Lansiaux, deux photographies où des étrangers sont enrôlés et des Russes faisant la manœuvre avant de rejoindre l’Hôtel militaire des Invalides.
N’oublions pas de grâce de rendre hommage aux femmes de la Grande Guerre, qui des anges blancs, des infirmières, des paysannes, des marraines de guerre, des soldats dévoués de l’immense armée féminine de la charité, ont donné ainsi le moral aux valeureux soldats du front. N’omettons pas de parler aussi des munitionnettes, des ouvrières en usine. En 1915, le généralissime Joffre (1852-1931), n’avait-il pas déclaré : « Si les femmes, qui travaillent dans les usines, s’arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre. »
L’Union des Œuvres de Guerre du XIVe arrondissement
A la date du 13 août 1914, alors que les soldats français se battaient en Alsace et en Lorraine lors de la Bataille des Frontières, le maire Ferdinand Brunot (1866-1939), se considérant « comme mobilisé civil à son poste », créait l’Union des Œuvres municipales de Guerre réunissant les œuvres municipales et les sociétés de bienfaisance, fondées par l’initiative privée. « On peut dire que la Mairie du XIVe, loin de la politique et de la religion, fut bien la Maison commune, ouverte à tous. » Elle vint également en aide aux réfugiés français ou alliés et aux étrangers, qui étaient nombreux dans la bohème de Montparnasse.
Cette armée de la charité fit du XIVe arrondissement, l’un des plus actifs de Paris. Ferdinand Brunot « aimait raconter l’ahurissement d’un fonctionnaire que la Préfecture de la Seine avait envoyé pour inspecter ses services, et qui s’émerveillait du travail et de l’intelligence des employés : les employés étaient des professeurs de la Sorbonne et des membres de l’Institut, qui s’étaient généreusement mis à la disposition de Brunot pour l’aider. »
Dans tout l’arrondissement, il y eut 86 adresses d’œuvres sociales d’assistance et de solidarité publique et privée qui ont été gérées où soutenues par la mairie et dans le quartier de Montparnasse, il y eut 18 adresses.
Georges Viaud,
Président de la Société Historique et Archéologique du XIVe arrondissement
Les Œuvres de Guerre du quartier de MontparnasseDans le quartier de Montparnasse, il y avait 18 adresses d’œuvres sociales d’assistance et de solidarité publique et privée qui ont été gérées où soutenues par la mairie.- Amis des Prisonniers de Guerre Russes, 69, avenue du Maine ; – Association aux Artistes et modèles des Dames Américaines avec cantine, chez Mlle Edell, 18, rue Boissonnade ; – Association des Œuvres de la Croix-Verte, 6, rue Schœlcher ; – Asiles, crèches ou garderie d’enfants : Au dépôt des Enfants assistés, 78, rue Denfert-Rochereau – Association A la gloire de Verdun, 31 bis, rue Campagne-Première ; – Association des Œuvres de la Croix-Verte, 6, rue Schœlcher ; – Buffet théâtral, 54, rue du Maine ; – Consultation de nourrissons à la Maternité Baudelocque : 123, boulevard de Port-Royal ; – Comité Franco-Serbe, 77, rue Denfert-Rochereau ; – Entraide Artistique Française, 26, rue du Départ ; – Foyer du Soldat de la rue Montparnasse, 65-67, rue Montparnasse ; – Prêt de linge aux accouchées par la Ligue française des mères de famille : 150, boul. du Montparnasse et 6, rue Schœlcher ; – Ouvroir de femmes à la salle Bobino avec 100 places et inscription à la mairie : 14-20, rue de la Gaîté ; – Ouvroir de femmes chez Mme Gutman : 83, rue Denfert-Rochereau ; – Ouvroir de femme chez Mmes Rocheblave et Lauth, 4, rue Huyghens ; – Ouvroir de femmes chez Mme Koenig pour travail à domicile : 38, avenue de l’Observatoire ; – Ouvroir de femme des Sœurs de la Visitation, dirigée par Mlle Degas : 68 bis, rue Denfert-Rochereau ; – Ouvroir de Guerre, 66, rue Denfert-Rochereau. |
Petite musique bibliographiqueLivretsPréfecture de Police, 2e division, Bureau de Travail et de la Prévoyance sociale, Exécution de la loi du 30 mai 1916, Liste des Œuvres de Guerre, Paris, 1918, p. p. 7, 9, 11, 13, 14, 16, 26, 27, 29, 31.Manuscrit Gilbert Perroy, Œuvres Sociales de la Grande Guerre, Notes circonstanciées – Archives de la SHA 14.Ouvrages Jean-Emile Bayard, Montparnasse, hier et aujourd’hui, ses Artistes et Ecrivains Etrangers et Français les plus célèbres, Jouve & Cie Editeurs, Paris, Juin 1927, pp. 349-362.Jean-Paul Crespelle, La vie quotidienne à Montparnasse à la grande époque (1095-1930), Librairie Hachette, Paris, 1976, Les Années noires, pp. 99-120. Philippe Meillot, Paris en guerre, 1914-1918, Le quotidien des femmes, des enfants, des vieillards, des embusqués et des profiteurs, Omnibus, 2014. Thèses Sites Internet La Munitionnette |