11 – A la place Denfert-Rochereau, la veillée funèbre du Soldat Inconnu et du Cœur de Gambetta

Après la guerre franco-prussienne de 1870, qui a été à l’origine des deux guerres mondiales, François d’Orléans (1818-1900), prince de Joinville, proposa de célébrer pour la première fois le Soldat Inconnu. En exil sous l’empire de Napoléon III, il était revenu en France pendant ladite guerre combattant clandestinement les armées prussiennes. Le 26 novembre 1916 alors que la bataille de Verdun battait son plein (ou faisait rage), François Simon, président du Souvenir Français de Rennes et de l’Honneur de l’escorte, reprit l’idée d’honorer le Soldat Inconnu où il aurait été commémoré au Panthéon dans un discours prononcé au cimetière de l’Est de Rennes, le symbole étant tombé alors dans les oubliettes de l’histoire. L’année 1918 a été au cœur des débats, le 12 juillet 1918, le député d’Eure-et-Loir et mutilé de guerre, Maurice Maunoury (1863-1925) a repris l’idée dans un autre discours au lycée Marceau à Chartres. Le 12 décembre suivant, la Chambre des députés retient l’idée du Panthéon sans le Soldat Inconnu préférant y édifier une chapelle dédié aux poilus où bien en créant un livre d’or où serait inscrits les 1 400 000 morts pour la France. Après moult débats, L’idée était devenue nationale tout en suivant un chemin hésitant.

Né en France, le symbole est revenu en force d’outre-Manche, on y voulait enterrer en l’abbaye de Westminster, au milieu des rois et des reines, un tommy inconnu pour le 11 novembre 1920. A cette date de l’Armistice, il avait été décidé en France de commémorer aussi le 50e anniversaire de la Troisième République sans le Soldat Inconnu. L’opinion publique, la presse et les politiques, s’emparant de l’emblème de la Grande Guerre, le 8 novembre, les députés votèrent à l’unanimité l’hommage national au Soldat Inconnu, à l’Arc de Triomphe. Il était temps…

Le 10 novembre à 15 heures, à la demande d’André Maginot (1877-1932), ministre des pensions, en la chapelle ardente de la citadelle souterraine de Verdun, Auguste Thin (1899-1982), soldat du 132e régiment d’infanterie dévoué à la Garde d’honneur, fils d’un combattant disparu, eut à choisir le Soldat Inconnu, « le plus humble et le plus grand des enfants de France », parmi 8 cercueils qui provenaient des zones de combat de Flandre, d’Artois, de la Somme, d’Île-de-France, de Champagne, de Verdun et de Lorraine. Dans un recueillement religieux, le soldat Auguste Thin fit d’un pas lent le tour des cercueils s’arrêtant devant le 6e où il posa un bouquet de fleurs cueillies sur le champ de bataille de Verdun. Il était parti de l’idée de rendre hommage à son régiment, le 132e, en comptant les chiffres (1+2+3 = 6).

Arrivant à Paris par la gare de l’Est à 0 h. 15, le Soldat Inconnu est escorté à la place Denfert-Rochereau sous la garde du Lion de Belfort, rappelant par ses faits, la guerre franco-prussienne de 1870. Il y est veillé en la chapelle ardente de la barrière ouest alors que le Cœur de Gambetta, père fondateur de la Troisième République, l’est dans celle qui lui fait face. Vers 9 h. 15, ils sont conduits au Panthéon où une longue cérémonie leur rend hommage puis le cortège reprit son chemin vers les Champs Elysées. Arrivant peu après midi, ils sont placés sous l’Arc de Triomphe où une cérémonie à la fois civile, militaire et religieuse s’est tenue.

Le Cœur de Gambetta reprit le chemin du Panthéon où il repose dans une urne placée dans l’escalier qui descend à la crypte. Jusqu’à 17 h., le Soldat Inconnu, a été exposé à la ferveur des Français puis il a été installé dans une petite salle carrée dans la pile gauche du monument où il a été veillé jour et nuit. Au regard de la rapidité de la décision le concernant où pratiquement rien n’avait été prévu pour son ensevelissement, il dut attendre le 28 janvier 1921 pour être enterré dans sa tombe. Elle a été recouverte de feuilles d’or rendant ainsi hommage aux 1 400 000 morts pour la France dont 600 000 disparus.

Georges Viaud,

Président de la Société Historique et Archéologique du XIVe arrondissement

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Petite musique bibliographiqueOuvragesJean-Yves Le Naour, le Soldat Inconnu, La guerre, la mort, la mémoire, Découvertes, Gallimard, Histoire, 2008.
Sites Internet
André Maginot (1877-1932) & Auguste Thin (1899-1982)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Maginot

& http://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Thin

François d’Orléans (1818-1900), prince de Joinville

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_d’Orl%C3%A9ans_(1818-1900)

François Simon, président du Souvenir Français et de l’Escorte d’honneur & Maurice Maunoury (1863-1925)

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/arc-de-triomphe

& http://www.piste-de-lormaye.com/article-affaire-seznec-maurice-maunoury-le-chartrain-111705388.html

Ressources de la BNF

http://data.bnf.fr/documents-by-rdt/12539113/70/page1

Histoire du Soldat Inconnu – ACOMAR

http://a.c.o.ma.r.free.fr/histo_soldat-inconnu.htm

La citadelle souterraine – Lieu du choix

http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Maginot

 

En route pour le Chemin de Mémoire du 14e pendant la guerre de 14
1 – Ferdinand Brunot, un Homme d’exception… 7 – Le café Au Vrai Poilu…
2 – Gilbert Privat, sculpteur du XIVe… 8 – Un obus dans la maternité Baudelocque…
3 – La Croix-Verte, 6, rue Schœlcher… 9 – Hôpital des Alliés N°19, annexe du Val de Grâce…
4 – L’Union des Œuvres de Guerre du 14e… 10 – Le photographe Charles Lansiaux (1855-1939 )…
5 – De la rue d’Enfer au paradis de la charité… 11 – A la place Denfert-Rochereau, la veillée funèbre…
6 – Alain-Fournier, P.-A. et J.-P. Laurens…  

 

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